La création – août 2021

Qu’évoque pour vous le mot “écologie” ? Un parti politique ? Une préoccupation de tout un chacun ? Une science qui s’intéresse à l’environnement ?
Le terme écologie vient du grec oikos (maison, habitat) et logos (discours). On peut définir l’écologie comme la science des relations des organismes avec le monde environnant. En amont des questions politiques que cela soulève, la question de l’environnement nous renvoie – en tant que chrétiens – au fait que notre environnement, la terre que nous habitons, est la création de Dieu et qu’il nous a confié un mandat vis à vis d’elle. Qu’en faisons-nous au quotidien ? Comment le comprenons-nous ? Comment ce souci de la création trouve-t-il place dans notre foi, notre louange, notre espérance, et même nos combats spirituels ?
Ce sont toutes ces questions que nous aimerions aborder dans ce mois de Miniglises !

Pour aller plus loin : Ce parcours a été conçu à l’aide de l’article Écologie, Environnement de Frédéric BAUDIN, dans La foi chrétienne et les défis du monde contemporain publié sous la direction de Christophe PAYA et Nicolas FARELLY aux éditions Excelsis en 2013.

SEMAINE 1 : UN MANDAT POUR LA CRÉATION.

QUESTION BÊTE ! Quelle est la dernière chose qui t’a fait sourire de manière inattendue ?

MERCI ! Louons Dieu avec le Psaume 8 : “SEIGNEUR (YHWH), notre Seigneur, que ton nom est magnifique sur toute la terre !” (v.10 – NBS)

BIBLE ! Lire Genèse 1,20-28 et Genèse 2,15 et discuter autour du thème de la semaine. Vous pouvez choisir quelques questions parmi celles-ci pour entretenir la discussion.

  • Qu’évoque pour vous le fait que dès sa création, l’humanité ait été rendue responsable de la nature ? Comment mieux habiter ces commandements ?
  • “Soyez féconds”, “multipliez-vous”, “remplissez la terre”, que penser du fait que Dieu donne ces commandement tant aux animaux qu’aux humains ?
  • “Soumettez-la”, “dominez”, “cultivez”, “gardez”… ces commandements sont propres à l’humanité : quels écueils sont à craindre devant une telle responsabilité ?
  • Ces commandements propres à l’humanité sont fortement liés à la ressemblance de l’humanité avec le créateur. Si l’homme était vraiment à l’image de Dieu dans son rapport à la création, comment se comporterait-il envers elle ?

PRIONS ! Seigneur montre-nous, quel est le pas de plus que tu nous demandes individuellement et collectivement pour mieux vivre notre appel envers la nature. Pardon pour les fois où nous oublions que nous avons des limites, pour les fois où notre attitude face à la création n’est pas à l’image de la tienne.

LA RÉFLEXION ! Dans les récits de la création du début de la Genèse, il est raconté que Dieu crée l’humanité avec un mandat vis-à-vis de la nature. Ce mandat est appelé le mandat culturel. Dès sa création, l’humanité est responsabilisée par Dieu, dotée d’une mission envers son environnement.

“Soyez féconds”, “multipliez-vous”, “remplissez la terre”, “soumettez-la”, “dominez”, “cultivez”, “gardez”… Ce vocabulaire peut évoquer celui de la conquête, et il rappelle pour nous, citoyens du 21ème siècle, l’histoire douloureuse de la conquête et de la destruction d’espaces sauvages, d’espèces entières, d’équilibres écologiques entiers. Les termes de soumission et de domination rappellent l’exploitation et la vision purement utilitariste que notre société tend à avoir de la nature…

Mais entrons dans le détail de cette mission que Dieu confie à l’humanité : La bénédiction et les trois premiers impératifs sont communs aux animaux et à l’humanité (soyez féconds, multipliez-vous, remplissez la terre, Gn 1,22.28) : cet impératif de croissance et d’épanouissement dans la terre créée, quand il est donné par Dieu aux animaux, n’est pas moins important que quand il est donné aux humains. C’est ensemble qu’animaux et êtres humains sont appelés à jouir de la création et de la bénédiction de leur créateur.

Les autres impératifs du “mandat culturel” sont propres aux humains, dans le cadre de leur ressemblance avec Dieu. Les versets 26, 27 et 28 insistent lourdement sur ce fait (“à notre image”, “qu’ils nous ressemblent vraiment”) : c’est en communion avec Dieu, à son image, à sa manière, en son nom que l’homme est appelé à exercer une autorité sur la nature. C’est-à-dire précisément dans cette perspective de bénir et de favoriser la croissance et l’épanouissement.

L’homme à l’image de Dieu ne se comporte pas comme un tyran sur la création, l’exploitant sans se soucier de son bien être, mais à l’image du Dieu créateur, son autorité est empreinte d’amour et de justice, dans le souci du bien de toutes les créatures et de la gloire du créateur.

Son autorité n’est pas auto-fondée, auto-centrée ni illimitée : déjà, quand il autorise la consommation de certains fruit et interdit l’un des fruits, Dieu rappelle à ces nouveaux habitants que la terre et tout ce qu’elle enferme lui appartient et qu’il fixe lui-même, selon sa volonté propre, les limites et les interdits (Gn 2,16-17). Le repos du septième jour (Gn 2,2-3), rappelle chaque semaine l’œuvre créatrice de Dieu. Il met une limite à l’activité humaine, enseignant Israël à compter sur la providence du Dieu créateur et à donner du repos à la création (Lv 25,2-4).

SEMAINE 2 : L’ORDRE DE LA CRÉATION

QUESTION BÊTE ! Racontez un moment où vous avez été époustouflé par la nature !

MERCI ! Louons Dieu avec le Psaume 24 : “Le SEIGNEUR possède le monde et ses richesses, la terre et tous ses habitants..” (v.1 – PDV)

BIBLE ! Lire Romains 1,19-25 et discuter autour du thème de la semaine. Vous pouvez choisir quelques questions parmi celles-ci pour entretenir la discussion.

  • Dans notre culture, de quelles manières voyez-vous que nous adorons et servons ce que Dieu a créé, dont la nature, au lieu du créateur lui-même ?
  • En quoi le fait de vénérer ou sacraliser la nature conduit-il à la destruction de la création ?
  • Comment la nature peut-elle vous conduire à adorer le créateur ?
  • En quoi un rapport ajusté au créateur nous permet d’avoir un rapport ajusté et bienfaisant à la création ?

PRIONS ! Seigneur montre-nous les fois où nous avons pu adorer la créature plutôt que toi, le Créateur. Pardonne-nous notre idolâtrie. Que ton Esprit nous rappelle qui tu es, et que nous revenions à toi pour t’adorer et ainsi mieux prendre soin de ta création.

LA RÉFLEXION ! “Le SEIGNEUR possède le monde et ses richesses, la terre et tous ses habitants” (Ps 24,1 – PDV) Le Seigneur possède la terre, il a créé la nature qui est sous son autorité. La Bible ne cesse de clarifier les choses : il n’y a aucune confusion entre Dieu et la nature. Le soleil et la lune ne sont pas des divinités à craindre et adorer, mais des luminaires placés dans le ciel par le créateur bienveillant. Aucune place nulle part dans les Ecritures pour une vénération ni pour une crainte de la nature, attitudes pourtant très largement répandues en tous temps et en tous lieux. Dieu seul est digne d’être adoré.

Par contre, la nature porte la marque de son créateur et elle pointe vers le créateur, nous permettant de le connaître, de nous faire une idée sur qui il est. C’est ce que rappelle Paul dans ce passage de l’épître aux Romains. Paul va d’ailleurs jusqu’à affirmer que la nature rend gloire à Dieu d’une manière tellement claire, que le fait de ne pas honorer le créateur est une faute inexcusable : tout le monde devrait connaître Dieu, ne serait-ce que par la beauté de sa création, qui reflète sa perfection, sa puissance et sa divinité.

La raison pour laquelle nous échouons souvent à reconnaître et à adorer Dieu, c’est justement que nous nous bornons à adorer les choses que Dieu a créées. Ainsi, l’ordre de la création est inversé : alors que l’homme devait dominer la création et en prendre soin au nom de Dieu, le voici qui se laisse dominer par ces créatures qu’il a divinisées et entourées de mystères, investi de ses fantasmes. Cette sacralisation de la nature, loin de lui être bénéfique, ne fait que cultiver la peur, la superstition et l’aliénation mutuelles. En effet, l’homme détaché de Dieu, servant la créature plutôt que le créateur, ne peut plus remplir sa mission première de gouverner la terre en respectant la création et son ordre, avec Dieu comme Seigneur. Quand l’homme prend la place de Dieu, ou quand il donne la place de Dieu à des divinités qu’il a lui-même investies, il bouleverse l’ordre de la création et son harmonie originelle. Sans la Seigneurie reconnue du Dieu créateur et les limites qu’il vient fixer, quand il spiritualise la nature comme quand il l’objectifie, l’homme abuse de la création, la dénature et la détruit, il faillit à sa mission d’en prendre soin.

« Seigneur notre Dieu, tu es digne de recevoir la gloire, l’honneur et la puissance. C’est toi qui as créé toutes choses, tu as voulu qu’elles existent, et elles ont été créées. » Apocalypse 4:11

SEMAINE 3 : LE SALUT DE LA CRÉATION

QUESTION BÊTE ! “Au paradis, il y aura des rivières de coca-cola” a dit un enfant américain… Et vous, vous croyez qu’il y aura quoi au paradis ?

MERCI ! Louons Dieu avec le Psaume 104 : “Tu leur rends ton souffle, ils sont recréés, et tout devient nouveau sur le sol.” (v.30 – PDV)

BIBLE ! Lire Romains 8, 18-25 et Apocalypse 21, 1-4 et discuter autour du thème de la semaine. Vous pouvez choisir quelques questions parmi celles-ci pour entretenir la discussion.

  • Pensez aux représentations classiques du paradis… quels éléments de la nature en font partie ? En quoi les descriptions du salut à venir présentes dans la Bible diffèrent-elles de ces représentations ?
  • Qu’est-ce que ça change pour vous de considérer que la nature aussi souffre du péché ?
  • Selon ces textes, d’où viendra le salut de la terre et de la nature ?
  • Comment notre foi et notre soin de l’environnement se nourrissent-t-ils l’un l’autre ?

PRIONS ! “Parce que nous croyons que Dieu se révèle par son œuvre, et qu’il l’a confiée aux hommes qui doivent la cultiver et la garder, Parce que la vie sur terre est une bénédiction et montre l’amour de Dieu, et qu’agir pour la préserver est une façon d’aimer son prochain et d’agir pour la justice, Parce que la crise écologique nous engage à entendre le cri de la terre qui “gémit en travail d’enfantement” (Rm 8,22) et à choisir, dans
l’espérance, des modes de vie qui préparent l’émergence d’une création nouvelle maintenant et au delà,
Parce que le peuple de Dieu peut prier et agir pour apporter cet espoir au monde, Parce que nous avons conscience que c’est en nous convertissant ensemble que nous arriverons à bâtir ce monde plus juste et écologique nécessaire à la survie de l’humanité, Prions !” (crédo de l’Eglise verte)

LA RÉFLEXION ! L’influence de la philosophie grecque sur la théologie chrétienne a produit dans notre culture une vision très immatérielle du salut : l’âme se détache du corps et s’envole pour vivre éternellement dans le ciel avec Dieu. Cette vision a produit de nombreuses représentations, dont la plus iconique est certainement le jugement dernier dans la chapelle sixtine (au Vatican) : plus de terre, plus d’eau, plus de nature, ou très peu : de la création il ne reste que l’homme, le ciel et les nuages. L’importance donnée aux récits de fin du monde va aussi dans ce sens : le salut est précédé par la destruction de la terre, et donc de la nature. La nature n’a qu’une valeur temporelle et n’est pas du tout concernée par le salut offert par Dieu, elle est liée uniquement au monde déchu.

En réalité, comme nous le voyons dans ces textes, la Bible présente une vision différente du salut, vision qui n’est compréhensible qu’à travers l’incarnation, la mort et la résurrection de Jésus-Christ. Le fait qu’il n’ait pas simplement été élevé au ciel spirituellement comme si le paradis était immatériel mais qu’il soit ressuscité corporellement et qu’il soit appelé “le premier-né d’entre les morts” (Col 1,18) nous permet de comprendre que le salut qu’il nous offre est bien concret. L’espérance chrétienne est dans un salut incarné, avec une notion de résurrection corporelle non seulement pour les croyants, mais aussi pour la création : le parallélisme entre la délivrance de la création au verset 21 de Romains 8 et la délivrance des croyants au verset 23 est frappant, c’est bien l’ensemble de la création qui est concernée par le salut !

Le texte d’Apocalypse 21 montre que Dieu n’abandonne pas son projet décrit dans la Genèse de créer un temple dans lequel Dieu et l’humanité vivent une relation privilégiée. Dans cette nouvelle création, inaugurée par Jésus-Christ, le monde pleinement réconcilié sera de nouveau placé sous le règne du Seigneur et l’humanité comme l’ensemble de la nature s’épanouira sous son regard.

La destruction de la terre décrite dans de nombreux textes bibliques (par ex. 2 Pierre 3,5-16) est le jugement de Dieu sur la création qui dans son ensemble a été soumise à la vanité à cause du péché de l’humanité. De ce jugement sort une nouvelle création, débarrassée de ses laideurs, un nouveau temple que Dieu pourra pleinement habiter. Dieu ne détruit pas la création, qu’il considère toujours comme “très bonne” (Gn 1,31), mais au contraire, comme il ne cesse de l’aimer, il la délivre du mal, il la libère de l’esclavage auquel elle a été soumise à cause du péché.

Ainsi, là encore, pour la nature elle-même, le salut se trouve dans la mort et la résurrection de Jésus-Christ le messie : en son don se trouve la guérison de la création dans son ensemble (cf. Es 11,7-9) C’est ainsi que le mandat missionnaire (Matthieu 28,18-20) complète le mandat culturel (Gn 1,28) : Lorsque Jésus-Christ règne, prendre soin de la création est une forme de respect envers le créateur et d’amour pour le prochain qui y vit.

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  • Author: TKeller