Meditation du 24 au soir – Veillée de Noël

« La lumière c’est moi, dit Jésus. Si quelqu’un me suit, il ne marchera pas dans la nuit, mais il aura la lumière qui donne la vie. » Jean 8,12

Au commencement, il y a la nuit.
Une nuit épaisse, opaque, chaotique…
Une nuit qui recouvre tout, qui absorbe tout
Une nuit qui ne laisse en apparence aucune chance à la vie.

Au cœur de cette nuit, Dieu a parlé et il a décidé de limiter par sa parole le pouvoir de la nuit, de soumettre la nuit au jour, les ténèbres à sa lumière.
Au cœur de la nuit, il y avait la Parole et la Parole était porteuse de la vie, nous dit Jean, l’évangéliste…
Mais la nuit est toujours là, elle persiste, elle résiste.

Tout au long des pages de la Bible, depuis les origines du monde jusqu’à cette nuit de Bethléem, la nuit demeure pour l’homme le lieu du chaos, du danger, de l’attaque surprise, de la bête aux aguets, de la peste et des cauchemars, de la peur et du doute.
Elle est aussi le lieu d’une grande solitude, comme celle de Jésus à Gethsémani.
Et puis, nous le savons, elle est ultimement le lieu de la mort.

Pourtant, c’est souvent là, au cœur de la nuit, que l’homme se tourne vers Dieu et cherche sa face. Comme le psalmiste, il l’appelle, il crie vers lui, il compte sur lui « plus que les gardes ne comptent sur le matin », il s’attend à lui. Et Dieu toujours répond. Au cœur du découragement, il fait contempler à Abraham la voûte céleste comme une immense promesse. Dans un rêve, il troue le ciel de la nuit et envoie à Jacob un message lumineux avec des anges qui montent et descendent une échelle vers le ciel. Et quand Jacob se réveille, il comprend que Dieu était là avec lui, dans la nuit. Plus tard, au cours d’une autre nuit, Jacob se bat avec un ange/Dieu et lorsque le jour se lève le vainqueur et le vaincu seront bénis…

Rien d’étonnant alors que Dieu ait choisi cette longue et épaisse nuit d’hiver pour manifester, non plus à tel ou tel en particulier, mais à tous les hommes, son amour et sa tendresse. Il répond au cri de ses enfants, à l’appel de son peuple. A moins que ce ne soit lui désormais qui nous cherche dans la nuit, et qui nous appelle à lui… Il fait nuit quand son fils – Jésus Christ – nait dans une étable de Bethléem, il n’y a probablement que quelqes étoiles pour éclairer la crèche, la chaleur de quelques bêtes pour réchauffer l’atmosphère. Mais celui qui dira plus tard « la lumière du monde, c’est moi » illumine déjà toute chose et sa présence si fragile et en même temps si forte au cœur de la nuit annonce la défaite totale à venir, celle de la mort au matin de Pâques.

Ils étaient quelques-uns cette nuit là, à venir contempler la lumière : Joseph et Marie bien sûr, mais aussi quelques bergers coutumiers de la nuit qui ont été tirés de leur torpeur par les anges dans le ciel et conduits jusqu’à lui. Et puis quelques jours plus tard, des savants venus d’orient avec leurs cadeaux, qui repartent chez eux plus riches et plus savants qu’ils n’ont jamais été. Et puis, d’autres encore, qui n’en finissent pas de venir voir ce roi des rois abaissé dans une mangeoire, et puis nous ce soir encore, témoins émerveillés d’un Jésus qui n’est ni un poupon en plastique ni un santon de plâtre, mais Dieu à portée de notre cœur, Dieu si proche, si vivant, si lumineux et cette rencontre éclaire non seulement notre nuit, mais notre vie toute entière. Nous sommes de plus en plus nombreux dans l’étable, et il y fait bien chaud ici ce soir. Dehors, il fait nuit encore. Le jour tarde…

Mais ici Christ rayonne, comme l’étoile du matin annonçant déjà le jour qui se lève. Nous en sommes presque éblouis. Alors, ne restons pas là. Sur nous la lumière a brillé, et nous devons la porter à d’autres.
Tous ceux qui traversent la nuit sans aucun éclairage.
Tous ceux pour qui la nuit reste un lieu de solitude et de désespoir.
Tous ceux qui marchent sans savoir où ils vont, sans comprendre d’où ils viennent.
Tous ceux qui ont peur non seulement de la nuit, mais aussi du jour qui vient parce qu’ils ne savent pas de quoi il sera fait.
Tous ceux qui sont en prison, derrière les verrous visibles d’une maison d’arrêt, ou bien invisibles d’une prison dans laquelle ils se sont enfermés eux-mêmes.
Tous ceux qui ont perdu toute espérance, toute confiance et toute estime d’eux même.

Ils sont nombreux, et ils ont besoin que nous leur apportions cette lumière et cette chaleur que nous avons reçues de Christ… En cette nuit de Noël, le Seigneur rallume en nous la feu de son amour afin que nous le propagions dans ce monde, il fait briller sur nous sa face et nous accorde sa grâce il tourne sa face vers nous et nous donne la paix. Allons maintenant, et soyons porteurs de la lumière du Christ jusqu’à ce que le jour se lève enfin sur ce monde… Que le Seigneur vous bénisse et vous garde

Amen

C. Baubérot

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