Esther – Mars 2023

Où est Dieu ? Tout le monde s’est déjà posé cette question… Où est Dieu quand l’injustice règne, où est Dieu quand le danger menace, où est Dieu quand le mal pur frappe ceux qui sont pourtant censés être son peuple… Où est Dieu ? Le livre d’Esther, dans la Bible, est un petit livre qui se lit comme un roman plein de péripéties et d’intrigues de cour. Les aventures d’Esther et de Mardochée nous permettent de reconnaître que même quand il reste incognito, Dieu est bien là, toujours souverain sur nos vies, actif au cœur de la grande Histoire aussi.

Tout au long de ce mois de mars 2023, pendant les cultes et dans les Miniglises, nous allons découvrir, avec Esther, mais aussi avec Vashti la reine qui ne se laisse pas réduire au statut de trophée, Mardochée le politicien habile, Xerxès, le roi ivrogne, Hamann, le conseiller qui n’est que méchanceté, que Dieu se cache dans chaque histoire… y compris les nôtres !

SEMAINE 1: RESISTANCE OU SOUMISSION DANS UN MONDE HOSTILE

VERSET CLE !     « Esther ne dit pas que sa famille est juive. En effet, Mardochée lui a défendu de le dire.» ‭‭Esther‬ ‭2‬:‭10‬

Et aussi « Dieu résiste aux orgueilleux mais il accorde sa grâce aux humbles » Jacques 4,6

QUESTION BÊTE MAIS PAS SI BÊTE !  Cela vous est-il déjà arrivé de devoir cacher votre identité ou votre foi ?

MERCI ! Merci pour toutes les fois où nous avons vu ta main agir dans nos vies, même après-coup et quand nous ne nous y attendions pas.

BIBLE !  Lire Esther 1 et 2 (si cela vous semble trop long, vous pouvez résumer le chapitre 1 et ne lire que Esther 2,1-20 en séance)

  1. Entre la destitution de Vashti et l’intronisation d’Esther, quelle image de la femme nous est donnée par ces deux chapitres ?
  2. En quoi Vashti et Esther sont elles très différentes ? En quoi sont-elles proches ?
  3. Où voyez-vous Dieu agir dans ces deux premiers chapitres ?

PRIONS ! Seigneur, nous ne savons pas toujours quand il faut se taire et quand il faut parler, dénoncer, résister. Apprends-nous à mener le bon combat, et à toujours garder confiance en toi.

LA RÉFLEXION !  Le livre d’Esther nous plonge dans un univers qui évoque pour nous les récits des 1001 nuits : roi et reines, banquets fastueux dans un décor oriental, concours de beauté, conseillers véreux et intrigues de cour…

L’histoire se déroule entre le 4ème et 5ème siècle avant Jésus-Christ, à Suse dans l’empire de Perse (l’Iran actuel), sous le règne du roi Xerxès (= Assuérus selon les traductions). Après la victoire des perses sur les Babyloniens, la plupart des juifs exilés à Babylone ont pu rentrer chez eux, mais certains sont restés en Mésopotamie et se sont « assimilés ». C’est le cas de Mardochée, et de sa fille adoptive Esther. Tous les deux font partie de la diaspora juive plutôt bien intégrée au sein du palais : ils portent tous les deux des noms à consonances persanes (Mardochée/Marduk, le grand dieu babylonien + Esther/Ishtar, déesse babylonienne), quant à Mardochée, il occupe un poste de fonctionnaire au service du roi. Toutefois, on comprend bien vite que pour s’intégrer, ils ont dû cacher leur foi et leur identité. Voilà sans doute l’un des premiers enjeux de ce livre : jusqu’où peut-on cacher sa foi quand on vit dans un monde sans Dieu ?

Comme dans une pièce de théâtre, les deux premiers chapitres du livre d’Esther posent le décor et présentent les personnages principaux. Le monde de la cour du roi de Perse et ses fastes nous sont décrits avec un brin d’ironie : on exhibe le luxe, la richesse et le pouvoir, mais le système impérial et les interactions entre les gens semblent ridicules.  Au moment où Xerxès accède au trône royal, il organise des festivités somptuaires pendant 6 mois, puis il offre un banquet pour tout le peuple de Suse : pendant 7 jours, le vin coule à flot (le récit insiste beaucoup sur cette débauche d’alcool), l’ivresse et tous les excès sont permis. Quand le roi exige que la reine Vashti vienne exhiber sa beauté aux yeux de tous (sans doute doit-elle se présenter nue devant tous les invités), celle-ci refuse. Le roi est furieux. Lui qui est censé incarner le pouvoir et l’autorité s’en remet à un conseil de « sages », qui dans leur grande sagesse (ou plutôt ivresse !), considèrent qu’en refusant de se soumettre à l’ordre du roi, la reine Vashti met en danger tous les ménages de l’empire ! Vashti est donc destituée et un décret est promulgué pour tout l’empire exigeant que tout homme soit le maître dans sa maison (1 v.20 « ainsi toutes les femmes donneront de la valeur à leurs maris, du grand jusqu’au petit » !!).

Chapitre 2 : une fois que le roi a « dessaoulé », on organise un grand concours de beauté pour lui offrir une nouvelle reine « meilleure que Vashti » (1,19) : pendant 12 mois, toutes les jeunes filles du royaume font l’objet de soins esthétiques (2,12-14), avant de passer une nuit auprès du roi et être, pour la plupart d’entre elles, oubliées au fond du harem. Parmi elles, une certaines Esther, fille adoptive du juif Mardochée. C’est elle qui va obtenir la faveur du roi et devenir reine. Pas seulement parce qu’elle est d’une « grande beauté » nous dit le récit. D’étapes en étapes, Esther gagne l’affection de ceux qu’elle côtoie : l’eunuque Hégué (2,9), puis tous ceux qu’elle rencontre (2,15) et finalement le roi lui-même (2,17). À peine devenue reine, Esther va ainsi permettre à Mardochée de dénoncer un complot contre le roi (Est 2, 21-23).

Ces deux premiers chapitres nous décrivent un monde qui peut nous sembler très étranger et archaïque, un monde marqué par la démesure et la violence. Mais également un monde où Dieu semble absent (il n’est jamais mentionné ni même évoqué dans tout le livre d’Esther). Plus on se plonge dans le récit, plus on découvre néanmoins que les ressorts qui sous-tendent ce livre et les questions qu’il pose, sont brûlants d’actualité. Notre monde à nous n’est peut-être pas si éloigné de celui que  décrit le livre d’Esther. Il suffit de regarder un peu les réseaux sociaux pour voir que la richesse et l’opulence y côtoient la misère la plus extrême. Les hashtag  #MeToo et BalanceTonPorc nous ont fait découvrir à quel point les femmes peuvent être aujourd’hui encore encore victimes d’abus et de violences de la part des hommes, notamment dans les milieux politiques et artistiques. Beaucoup de lois ont été promulguées pour garantir l’égalité, et pourtant… Les femmes restent encore souvent marquées par des lois non-écrites, des mentalités qui ne changent pas (songez seulement aux concours de beauté qui continuent à promouvoir la « femme objet »). Quelle leçon pouvons-nous tirer de la posture d’Esther qui, tout en se soumettant, entre en résistance et joue un vrai rôle dans l’histoire ? Est-ce que ça vous parle par rapport à des situations de votre vie ?

SEMAINE 2 : POUR UNE TELLE OCCASION

VERSET CLE ! “Si tu te tais dans les circonstances présentes, penses-tu que les Juifs seront sauvés en recevant de l’aide d’ailleurs ? Non, toi et ta famille vous mourrez. Mais qui sait ? Peut-être est-ce pour faire face à une telle situation que tu es devenue reine.”
(Esther 4, 14)

QUESTION BÊTE MAIS PAS SI BÊTE ! Quel a été votre plus grande réussite avant vos 18 ans ?

MERCI ! Louons Dieu avec le Psaume 135 : “Le Seigneur réalise tout ce qu’il veut, dans les cieux et sur la terre, sur les mers ou dans leurs profondeurs.” (v.6)

BIBLE ! Lire Esther 3 et 4 (si cela vous semble trop long, vous pouvez résumer le chapitre 3 et ne lire que Esther 4,1-17 en séance)

  • Devant le malheur de Mardochée, Esther tente d’abord une résolution superficielle et rapide (v.4), avant d’accepter de regarder en face l’horreur véritable de la situation. Pourquoi hésitons-nous à regarder le malheur en face ?
  • A votre avis où Dieu se cache-t-il dans cet épisode des vies d’Esther et de Mardochée ?
  • Pourquoi avons-nous du mal à reconnaître Dieu quand nous sommes dans les pires situations ?
  • A quelle situation de votre vie la phrase de Mardochée “ Peut-être est-ce pour faire face à une telle situation que tu es devenue reine” vous fait-elle le plus penser ?

PRIONS ! Père, donne-nous de ne pas craindre le mal mais de savoir l’examiner pour reconnaître ta main qui dirige l’histoire, même quand celle-ci ne nous plait pas. Donne-nous de comprendre ce que tu es en train de faire, de comprendre le rôle que nous avons à jouer dans les situations difficiles auxquelles nous sommes confrontées et donne-nous de placer nos espoirs en toi pour notre bien et celui de ceux qui nous entourent.

LA RÉFLEXION ! Les chapitres 3 et 4 marquent un tournant dans le livre d’Esther : après un temps pendant lequel leur identité pouvait rester cachée, Mardochée et Esther doivent révéler leur identité et prendre position… au péril de leur vie.

Vexé que Mardochée ne s’incline pas devant lui, le nouveau conseiller préféré du roi Xerxès, Haman, découvre que Mardochée est Juif et il persuade le roi de décréter, à une date tirée au sort, le massacre de tous les Juifs du royaume. En akkadien, le tirage au sort se dit pour, d’où le nom de la fête Juive de Pourim, qui (spoiler alert !) célèbre le sauvetage du peuple Juif, qui échappera donc à ce massacre programmé.

C’est donc le refus de Mardochée de plier le genoux devant quelqu’un d’autre que son Dieu qui vient mettre sa vie, mais aussi celles de tous les membres de la diaspora Juive en Perse, en danger. Cet épisode nous montre que si Mardochée savait manier la discrétion et si son anonymat lui avait permis de s’intégrer parfaitement dans la cour de Xerxès, il n’était pas prêt à sacrifier la place de Dieu dans sa vie en échange de sa place à la cour. D’ailleurs, si Mardochée pleure et se lamente publiquement et très bruyamment devant l’injustice de la décision du roi, on ne le voit pas non plus se repentir de son attitude et proposer de plier le genou devant Haman pour sauver sa vie et son peuple. Il persiste dans son refus de s’incliner devant Haman.

La reine Esther, fille adoptive de Mardochée, voyant la détresse spectaculaire de celui-ci, qui va jusqu’à se vêtir d’un sac en signe de deuil, essaye d’abord de régler le plus visible de ses problèmes et lui fait envoyer des vêtements. Mais le problème n’est pas tant la souffrance de Mardochée que la cause de cette souffrance. Heureusement, Mardochée lui fait expliquer en détails, documents à l’appui, les projets d’Haman, approuvés par le roi. Parce qu’elle est allée au bout de ses recherches et a osé découvrir la cause réelle de la souffrance de Mardochée, aussi terrifiante soit-elle, Esther a maintenant une chance de faire quelque chose.

Voilà que le rêve se transforme en cauchemar. Esther qui était devenue reine, position privilégiée à bien des égards, ascension sociale certainement enviée de beaucoup, se trouve maintenant seule en position de devoir faire l’impossible : faire changer le roi d’avis. Pire, pour faire cela, elle doit aussi révéler son identité Juive et commettre délibérément et publiquement un crime passible de la peine de mort. La voilà dans la pire situation imaginable. Il aurait mieux valu pour elle soit de ne pas être au courant des projets du roi, soit de ne pas être reine. C’est typiquement pour ce genre de raisons que nous choisissons parfois de ne pas trop chercher à voir le mal autour de nous, pour ne pas se trouver dans cette position de devoir faire quelque chose qui nous semble impossible et peu désirable.

Mardochée a, à ce moment, des paroles qui resteront dans l’histoire et qui peuvent nous inspirer encore aujourd’hui. Alors que, comme nous, Esther a certainement d’abord eu tendance à conclure rapidement que la situation terriblement difficile dans laquelle elle se trouve est juste mauvaise, nuisible et vide de sens, Mardochée l’invite à lever le regard pour voir au-delà de sa propre survie l’intérêt de son peuple et de sa famille. Par sa question : “qui sait ? Peut-être est-ce pour faire face à une telle situation que tu es devenue reine ?” (v.14) Il lui permet de découvrir un sens à sa situation et à l’approcher comme une opportunité unique pour faire quelque chose de bien. Consciente de l’enjeu, elle se prépare au pire et demande à toute sa communauté de jeûner pour elle.

Dieu n’est pas mentionné ici… mais il faudrait être aveugle pour ne pas le voir à l’œuvre
– dans la conduite des événements qui constituent la vie d’Esther,
– dans sa compréhension de sa situation et de son rôle à jouer dans celle-ci
– et même dans ses espoirs au cœur d’une situation désespérée.

Arrivons-nous à le reconnaître nous-aussi, dans ces 3 dimensions, quand nous sommes dans l’impasse, bloqués par le mal absurde ?

 

SEMAINE 3 : INFLUENCEUSES, INFLUENCEURS, CHOISISSEZ LE BON COACH !

 VERSET CLE !   « Haman fut pendu à la potence qu’il avait fait préparer pour Mardochée. Alors la colère du roi se calma ». (Esther 7:10)

QUESTION BÊTE MAIS PAS SI BÊTE !  Avez-vous déjà connu une situation a priori sans espoir, qui va finalement se renverser et vous devenir complètement favorable ?

MERCI ! Louons Dieu avec Psaumes 130 (versets 1 et 2) : « Du fond de l’abîme je t’invoque, ô Éternel ! Seigneur, écoute ma voix! Que tes oreilles soient attentives à la voix de mes supplications ! »

BIBLE !  Lire Esther 5, 6 et 7 (en séance, vous pouvez lire les 3 premiers versets de chaque chapitre et enchaîner le résumé des versets suivants / cf. infra dans LA RÉFLEXION !)

  • Si vous avez été sujets à la colère, quels conseils vos “amis vous voulant (prétendument) du bien” vous ont-ils prodigués ?
  • Dans les situations compliquées, c’est difficile de ne pas céder à la tentation de recourir aux stratégies du monde ?
  • En déroulant l’intrigue de ces trois chapitres, où et en quoi voyez-vous l’action de Dieu ?

PRIONS! Seigneur, quand nous sommes confrontés à des situations humainement insolubles, nous pouvons être tentés d’abandonner la partie. Rappelle-nous de nous en remettre toujours à Toi, car Tu rends possible ce qui semble impossible.

LA RÉFLEXION ! 

Résumé chapitre 5 : Esther a été admise devant le roi, elle échappe à la mort ! Elle souhaite que le roi et Haman viennent au banquet qu’elle a préparé, ce qu’ils font. A la fin du banquet, Xerxès (ou Assuérus, selon traductions) réitère sa demande : que veut donc la reine ? Elle désire que Xerxès et Haman se rendent à un second banquet qu’elle organise le lendemain ; alors, elle dira au roi sa demande.

Haman est puissant, riche, il est reçu par la reine, il devrait être au comble de l’exultation, mais il est submergé par la colère, car, à la porte du palais, Mardochée ne se prosterne toujours pas devant lui. Sa femme et ses amis lui conseillent de ne pas attendre l’échéance du décret d’extermination, de faire dresser une potence et de demander au roi, dès le lendemain matin, qu’on y fasse mourir Mardochée.

Résumé chapitre 6 : Le roi apprend que Mardochée ne fut nullement récompensé d’avoir déjoué le complot contre le roi. Le roi demande alors à Haman (qui venait d’arriver au palais pour demander l’exécution de Mardochée) comment il devrait faire pour honorer un homme tout spécialement. Haman, croyant qu’il s’agit de lui-même, suggère qu’il faudrait organiser une procession à caractère royal.

Patatras ! L’homme que le roi veut honorer, c’est Mardochée, et c’est Haman qui est chargé d’exécuter cette démonstration d’honneur royal. Haman entend à peine ses proches lui prédire qu’il va perdre contre Mardochée que, déjà, il doit se rendre sans délai au second banquet organisé chez la reine.

Résumé chapitre 7 : Esther, qui demande la vie sauve pour elle et pour son peuple, révèle au roi l’identité de celui qui a conçu le projet d’extermination : Haman. Alors qu’Haman veut supplier Esther de le sauver, le roi sort un moment. Quand il revient, il voit Haman affalé sur le divan où se trouve Esther. La sentence royale tombe immédiatement : que l’on pende Haman à la potence qu’il avait fait préparer pour y faire mourir Mardochée.

Eléments de réflexion : Au moment où commence le chapitre 5, la situation respective d’Esther et Mardochée, d’une part, et d’Haman d’autre part, est totalement déséquilibrée. Haman, le plus puissant des ministres du roi, a fait adopter par celui-ci, le décret d’extermination de toute la population juive de l’empire. Descendant d’Agag, qui fut mis en pièces par Samuel (1Samuel 15.33), Haman semble tout près de pouvoir venger son ancêtre.

Esther et Mardochée, par contre, semblent irrémédiablement condamnés à subir le sort qu’Haman a préparé pour leur peuple : face à la toute-puissance du pouvoir royal mis au service de la haine d’Haman, Esther et Mardochée n’ont d’autre recours que l’abattement, les lamentations et le jeûne. Si l’affrontement entre les deux camps sera forcément décisif, son issue ne fait a priori aucun doute (un peu comme le combat entre un géant nommé Goliath et un enfant nommé David !!). Ici, l’affrontement ne prend pas la forme d’un combat sur un champ de bataille, mais celle d’une lutte d’influences au centre de laquelle se trouve le roi Xerxès, une lutte entre l’influenceur Haman et l’influenceuse Esther.

Et, autant le dire tout net, l’influenceuse Esther semble ne pas bénéficier d’un “coaching” professionnel ! Elle a besoin de séduire le roi ; ayant gagné le concours de “Miss empire perse”, elle devrait savoir comment s’y prendre… Que fait-elle ? Elle jeûne, autrement dit, elle s’affaiblit et elle s’enlaidit. Par “miracle”, elle échappe à la peine de mort et le roi l’accueille avec bienveillance ; il l’interroge sur la nature de sa demande et elle répond par une invitation à un banquet. Lors de ce premier banquet, le roi réitère sa demande et Esther n’a d’autre réponse que : “revenez demain pour un autre banquet”. C’est au mieux audacieux, au pire suicidaire !!

Du côté d’Haman, tout va pour le mieux… du moins, jusqu’à ce qu’il croise Mardochée. En proie à la colère, il va suivre son équipe de “coaching” très professionnel qui lui conseille de demander sans attendre la mort de Mardochée au roi. Mauvaise pioche ! Au chapitre 6, Haman n’a même pas le temps de demander qu’on pende Mardochée. Haman, qui ignore les lectures du roi dans ses nuits d’insomnie, répond à l’interrogation du roi en croyant échafauder son propre triomphe ; en réalité, il prépare celui de Mardochée, instrument de son humiliation. Quant à l’équipe de professionnels du “coaching” qui entoure Haman, elle se transforme en oracle et lui prédit sa défaite.

Avec le chapitre 7, non seulement on assiste à un basculement spectaculaire qui, avec la défaite d’Haman et la victoire d’Esther, déjoue toutes les probabilités initiales, mais on comprend que le “coaching” du ministre réputé tout-puissant ne valait pas grand-chose. Inspiré par Satan et basé sur la haine, sur l’orgueil, sur la pratique des basses intrigues, il ne faisait pas le poids en face du “coaching” d’Esther.

Quant à Esther, peu importe que le jeûne l’enlaidisse, puisqu’elle a choisi de jeûner pour avoir Dieu avec elle. Quant à Esther, peu importe qu’elle ne recoure pas aux stratégies et aux méthodes d’influence du monde, puisqu’elle sait que Dieu est avec elle.

Influenceuses, influenceurs, faites comme Esther, choisissez le bon coach !

SEMAINE 4 : VICTOIRE TOTALE

VERSET CLE ! “Le treizième jour du douzième mois, le mois nommé Adar, arriva. C’était la date où le décret royal entrait en application et où les ennemis des Juifs avaient espéré triompher d’eux. Mais le contraire se produisit et ce sont les Juifs qui triomphèrent de ceux qui les détestaient.” Esther 9,1

QUESTION BÊTE ! Vous êtes-vous déjà bagarré ?

MERCI ! Louons Dieu avec le Psaume 33 : “À la guerre, si le roi est sauvé, il ne le doit pas à ses nombreuses troupes ; si le combattant s’en tire, ce n’est pas grâce à sa grande vigueur.” (v.16)

BIBLE ! Lisez les chapitres 8, 9 et 10 du livre d’Esther (si cela vous semble trop long, résumez le chapitre 8 et lisez Esther 8, 8 ; Esther 8, 11 et Esther 9, 1-19)

  • Comment vous sentez-vous devant ce “happy end” dramatique
  • Pourquoi Esther, Mardochée et Xerxès (Assuérus) n’ont-il pas tout simplement annulé le décret ordonnant le massacre des Juifs du royaume ?
  • Comment Dieu est-il actif dans cette victoire pour son peuple ?
  • Pensez à une menace qui pèse sur vous, votre santé, votre famille… Comment voyez-vous Dieu à l’action pour vous rendre victorieux ?

PRIONS ! Seigneur parfois tu ne nous épargnes pas les batailles… Mais nous voulons rester confiants dans ta fidélité et ton salut. Revêt-nous, pour demeurer fermes dans ta victoire acquise à la croix, de toute ton armure spirituelle : vérité, droiture, zèle pour annoncer la bonne nouvelle, foi, salut et parole de Dieu (Ephésiens 6, 10-20)

LA RÉFLEXION ! La fin du livre d’Esther est incompréhensible pour nous, choquante ! On aimerait partager la joie du peuple Juif, sauvé de son annihilation programmée, mais on demeure hanté par la question “Pourquoi ?”

Pourquoi Xerxès ne pouvait-il pas tout simplement annuler son décret ? Il n’y aurait eu aucune victime ! Pourquoi ? Parce que le roi était perçu comme étant divin et il voulait cultiver cette image. Or changer d’avis, ce n’est pas ce qu’un dieu ferait. Annuler le décret, publié presqu’un an auparavant, qui ordonnait une attaque sur tous les Juifs du royaume, c’est pour le roi, admettre ne pas être parfait. C’est tout le problème des hommes qui veulent être comme des dieux : changer d’avis, se repentir, admettre son erreur est vécu comme une humiliation, un signe de faiblesse qui nous blesse et nous met en danger. Malheureusement, il nous arrive souvent de laisser perdurer trop longtemps des situations insupportables par refus de “perdre la face” et par crainte d’être perçus comme étant faibles. Ultimément, cette logique ne peut que mener à la violence.

On le regrette, mais le fait est que, dans le monde, c’est comme ça et ça ne dépend pas toujours de nous : beaucoup de “lois” visant l’oppression, de mécanismes visant la destruction de l’innocent et de menaces sur le peuple de Dieu… ne s’arrêteront pas d’eux-mêmes. Dieu n’annule pas tout mal sur la terre, Satan œuvre sans relâche pour le destruction de son peuple et il ne compte pas s’arrêter tant que sa tâche n’est pas totalement menée à bien.

Mais voilà ce que Dieu fait : il donne aux Juifs les moyens et le droit de se défendre. Il les rend forts et leur donne une victoire complète sur leur ennemi. Le faible devient fort et le fort devient faible, l’oppresseur est humilié et détruit, de manière spectaculaire.

Le massacre des massacreurs de Juifs est ainsi une préfiguration de la croix de Jésus-Christ. La mort de Jésus sur la croix n’est pas une faiblesse, comme certains l’imaginent parfois : c’est une bataille. Comme les Juifs de Perse doivent subir la menace de leurs ennemis, Jésus subit l’attaque de la mort… pour la vaincre. Dieu l’expose à la mort (et il la subit pleinement), pour qu’il l’anéantisse publiquement et glorieusement. Le dimanche de Pâques, on peut le dire, la victoire de Jésus est totale : il a vaincu le péché et il a vaincu la mort. Leur pouvoir est humilié, ils ne sont pas les plus forts. Le bois de la croix ressemble à celui auquel est pendu Haman et tous ses fils : il expose la défaite humiliante de Satan.

Bien après Xerxès, Satan cherche toujours à exterminer le peuple de Dieu, il est en guerre contre nous. Ses fils s’appellent maladie, solitude, addiction, misère… Mais parce que Jésus est passé par la croix, que cette coupe de souffrance n’a pas été éloignée de lui, nous savons que nous serons victorieux. Par la foi qui nous unit à lui, Dieu nous arme de son Esprit et nous conduit vers la victoire, une victoire totale et retentissante contre les ruses du diable (Ephésiens 6,10-20).

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