L’éternité – Octobre 2022

“L’éternité, c’est long…surtout vers la fin”. C’est à Woody Allen que l’on doit cette boutade qui, avec cette pointe d’humour bien à lui, souligne la difficulté que nous avons à penser l’éternité. Pourtant lorsque nous confessons notre foi avec le Symbole des apôtres, nous affirmons que nous croyons en « la vie éternelle ». Pourtant, savons-nous vraiment de quoi nous parlons ?

Nous avons tous une petite idée sur ce qu’est l’éternité, mais aussi plein de questions et plein d’approximations. Qu’en dit la Bible vraiment ? Est-elle unanime ? Et qu’est-ce que nous en comprenons aujourd’hui pour nous mêmes ?

Durant ce mois d’octobre, nous nous retrouverons donc en miniglises pour approfondir ces questions et surtout pour laisser l’éternité s’inviter dans notre actualité.

En cadeau pour démarrer cette nouvelle série, voici un verset à méditer :

Tout ce qu’il a fait est beau en son temps, et même il a mis dans leur cœur la pensée de l’éternité, bien que l’homme ne puisse pas saisir l’œuvre que Dieu a faite, du commencement jusqu’à la fin.” Ecclésiaste 3,11

Et un lien YouTube vers un chant de louange écrit par Judith Robertson :

https://youtu.be/DMVSauqMeMU

Bon mois d’octobre !!

SEMAINE 1 : L’ÉTERNITÉ dans les psaumes

 

QUESTION BRISE-GLACE ! Quelle a été l’heure la plus longue de votre vie ?

MERCI ! La rentrée est passée, de nouvelles personnes sont arrivées dans nos minis, de nouveaux leaders aussi : rendons grâce pour le renouvellement des équipes et la richesse de notre diversité !

BIBLE ! Lisons le Psaume 16 (à haute voix d’abord, puis chacun peut le lire pour lui-même)

  • Après avoir entendu ce psaume, essayez d’imaginer la situation de celui qui l’a écrit…(faites marcher votre imagination)
  • D’après vous, qu’est-ce qui lui fait peur ?
  • Qu’est-ce qui le rassure et lui donne de la joie ?
  • En quoi, la relation avec le Dieu vivant change profondément la donne ?

PRIONS ! Seigneur, nous te confions tous ces moments dans nos vies où la perspective de la mort vient jeter une ombre sur nos existences et nous voler notre paix. Avec le psalmiste, nous voulons proclamer qu’auprès de toi, le bonheur ne finit pas !

LA RÉFLEXION ! Essayons tout d’abord de clarifier le sujet. Quand on parle de l’éternité, de quoi parlons-nous ? Pour certains, c’est un concept philosophique (platonicien) : « Ce qui existe de tout temps, aussi bien autrefois que maintenant, sans être détruit ».

Pour d’autres, c’est avant tout ce qui est devant nous, ce qu’il adviendra de nous après la mort. On parle ainsi de « vie éternelle », de « vie après la mort », de « résurrection des morts ». Certains iront jusqu’à évoquer le paradis et l’enfer, le salut ou la damnation éternelle.

Pourtant, ces notions sont relativement récentes (un ou deux siècles avant JC), et très peu présentes dans l’Ancien testament. On y parle peu de l’éternité, ni de la vie éternelle, et encore moins de la résurrection des morts. Pour Israël, la mort est le rendez-vous de tous les vivants (Job 30,23) et à la mort est associée le shéol, un lieu de destruction et de chaos, le pays d’où l’on ne revient pas. Pour le croyant, Dieu est le Dieu des vivants, et la plénitude de la vie consiste à vivre en communion avec Dieu. Alors peu à peu se développe, dans la foi d’Israël, l’idée que l’on pourrait échapper à la funeste destinée du shéol.

Dans les Psaumes, comme dans le livre de Job, commence à apparaître l’idée de l’immortalité. Ce n’est pas l’immortalité telle qu’on la trouve dans l’animisme (qui parle d’une survie de l’âme dans l’au-delà, et notamment dans la nature), mais plutôt la conviction que la relation qui s’établit entre le Dieu vivant et le croyant pourrait surmonter la mort. En d’autres termes, le psalmiste ne se préoccupe pas tant du fait qu’il va ressusciter ou entrer dans la vie éternelle, que du fait qu’il sera avec Dieu, même après sa mort. Progressivement une espérance voit le jour : vivre sans Dieu c’est la mort, mais vivre avec Dieu permet d’échapper à la destruction et au néant.

Dans le psaume 16, il est justement question d’un homme dont la vie semble menacée, en danger. Les commentateurs font l’hypothèse qu’il s’agit d’un prêtre, qui a vécu dans une période troublée où les israëlites se détournaient du culte du seul Seigneur – y compris les prêtres – pour pratiquer d’autres cultes, notamment celui de Baal et d’Achera (cf v.4). Peut-être est-il même l’un des derniers prêtres fidèles du temple, et sans aucun doute dans une grande précarité matérielle et spirituelle.

Mais dans sa solitude et sa précarité, il arrive à tenir debout dans la foi et dans l’espérance. Il loue Dieu au cœur de sa détresse, dans la certitude qu’il ne peut finalement rien lui arriver, parce qu’il est avec Dieu. Les termes qu’il emploie pour la louange expriment la richesse (« mon bien », « mon partage », « ma coupe », « la part qui me revient » ou « mon patrimoine ») alors qu’il a sans doute tout perdu. Son plus grand trésor c’est Dieu. La présence de Dieu dans le temple lui assure non seulement une sécurité immédiate mais aussi une espérance pour l’avenir : « tu ne m’abandonneras pas au séjour des morts » v.10.

Comment comprendre cette affirmation ?

Pour certains (qui considèrent que dans l’Ancien Testament, l’idée de « vie éternelle » n’existe pas encore) cela signifie que malgré les difficultés, le psalmiste croit que Dieu lui accordera malgré tout une longue vie. Il va s’en sortir !

Mais d’autres voient dans cette affirmation, l’expression d’une foi qui va beaucoup plus loin encore  : pour le psalmiste, Dieu peut tout, y compris lui faire traverser la mort et le faire marcher à nouveau sur le sentier de la vie.

En conclusion, ce psaume nous parle davantage de la fidélité de Dieu et du bonheur qu’il y a à vivre près de lui, que de la résurrection ou des modalités d’une vie après la mort. Il nous invite à mettre notre confiance en l’Éternel, plutôt que dans l’éternité…

SEMAINE 2 : L’ÉTERNITÉ avec Jésus

QUESTION BRISE-GLACE ! Quel est un moment dont vous vous souviendrez toute votre vie ?

MERCI ! Partageons nos souvenirs de moments mémorables (petits et grands) vécus en Miniglise, remercions Dieu pour ce qu’il fait dans nos vies à travers les frères et les sœurs qu’il nous donne.

BIBLE ! Lisons ensemble Luc 2, 25-35 et partageons autour du thème du jour. Les questions suivantes peuvent aider à lancer ou recentrer la discussion.

  • Comment comprendre la phrase de Siméon : “mes yeux ont vu le salut” ? Pourquoi parle-t-il de quelque chose d’accompli ?
  • Comment comprendre la prophétie de Siméon, avec les mentions de la souffrance à venir de Marie et du fait que Jésus sera une cause de chute pour certains ou de résurrection pour d’autres ?
  • Si Siméon était un théologien, comment définirait-il l’éternité ?
  • Etes-vous plus sensibles à la dimension actuelle du salut où à sa dimension promise ?

LA RÉFLEXION ! Au centre de la prédication de Jésus, on trouve la notion de “Règne de Dieu” (ou Royaume de Dieu ou des cieux).

Les miracles de Jésus servent à rendre ce règne visible : avec Jésus l’éternité s’est approchée et déjà les captifs sont libérés, les malades guéris, les affamés nourris, ceux qui pleurent sont consolés. C’est l’irruption du salut sur terre, ici et maintenant.

La venue du Royaume de Dieu est le thème principal des paraboles de Jésus et le cœur de la mission de ses disciples : “Guérissez les malades qui sont là et dites à tous : “Maintenant le Royaume de Dieu est près de vous ! ” dit-il aux 72 personnes qu’il envoie de ville en ville préparer sa venue (Luc 10, 9).

La notion de règne de Dieu ou de royaume de Dieu nous est un peu étrangère aujourd’hui, mais dans le judaïsme ancien (celui de l’Ancien Testament) comme dans le judaïsme de son époque, cette notion est très présente. Dieu règne, de toute éternité. Il règne dans le ciel, sur l’univers entier, mais son règne est aussi rendu accessible sur terre. Il se manifeste par sa présence dans le temple par exemple, dans le culte qui lui est rendu, il est aussi promis à travers la venue d’un roi libérateur, le messie qui lui donnera une existence terrestre.

Siméon contemple un enfant… mais il contemple aussi l’éternité qui a rejoint la terre, l’éternité qui a rejoint sa vie. Pour causer une telle joie chez le vieil homme, Jésus n’a eu besoin de faire aucun miracle ! Il est simplement Jésus. Il est “Dieu avec lui”, et voici que la vie de Siméon a soudainement trouvé tout son sens.

Par son Esprit, Jésus aujourd’hui nous rejoint de la même manière, faisant advenir ici et maintenant son règne, nous donnant aussi régulièrement des signes de celui-ci par les mêmes miracles que ceux qui sont décrits dans les évangiles, et bien d’autres encore.

“L’Esprit Saint est avec Siméon” précise le verset 25 : Siméon étant un prophète vraiment inspiré, il a une vision globale du salut apporté par Jésus-Christ, une vision qui dépasse sa seule expérience personnelle et immédiate. Il sait déjà, avant même que ces événements arrivent, que le salut qu’il contemple aujourd’hui impacte l’humanité entière, la partageant entre ceux qui l’accueillent et ceux qui le rejettent.

Il sait que ce salut prend sa source dans le sacrifice de Jésus sur la croix, pour le pardon des péchés, et dans sa résurrection, à laquelle ceux qui croient sont aussi associés : “beaucoup en Israël vont tomber ou se relever” annonce-t-il. Notons que quand il rapporte ces paroles, Luc utilise le mot exact qu’il utilise aussi pour décrire la résurrection du Christ.

En lisant les évangiles, on peut comprendre que Jésus instaure le Règne de Dieu sur terre. L’éternité commence quand il est présent. Ce n’est pas une réalité politique, à la grande surprise de beaucoup, mais une réalité spirituelle.

Notre résurrection, notre salut, la joie éternelle promise pour demain, se manifeste déjà par son Esprit Saint en nous. Ca, c’est le cadeau magnifique qu’il nous a fait en donnant sa vie sur la croix et qu’on reçoit par la foi !

 

SEMAINE 3 : L’ÉTERNITÉ chez Paul

QUESTION BRISE-GLACE ! Comment suivez-vous les actualités du monde ? Est-ce que cela vous décourage ?

MERCI !

Alléluia à notre Dieu, création collective : https://www.youtube.com/watch?v=46Q4ixvATJs

BIBLE ! Nous croyons « à la résurrection des corps et à la vie éternelle », suivant le symbole des apôtres. Nous allons voir aujourd’hui comment Paul parle de cette certitude de notre foi dans la deuxième lettre aux Corinthiens : 2 Corinthiens 4.13-5.10

  • D’où vient la certitude de Paul qu’il ressuscitera ?
  • Quels contrastes lisez-vous entre notre être physique actuel et notre être éternel ? Y a-t-il un lien entre les deux ?
  • Comment cette certitude de la vie éternelle change-t-elle la vie de Paul ? Et la nôtre ?

LA REFLEXION !

Autant l’ancien testament parlait très peu d’une vie éternelle, autant Jésus en a beaucoup parlé (et on lui en a parlé). Les apôtres, à ce sujet, partagent largement leur certitude. Paul explique, dans ce passage, comment cette pensée, cette attente même, lui donne du courage au quotidien.

Dans le passage précédent, 4.1-12, Paul montrait le contraste entre le chrétien lui-même – un « vase de terre », simple, attaqué, loin d’être parfait – et le message qu’il porte – l’évangile, un « trésor ». Ce contraste est l’occasion de rendre toute la gloire à Dieu.

Dans le passage que nous lisons aujourd’hui, Paul continue sa réflexion : le chrétien – vase de terre ne restera pas toujours aussi peu glorieux, aussi différent de Dieu. Comme Christ est ressuscité (et c’est un article fondamental de notre foi cf. 1Co15.12ss), nous ressusciterons à notre tour. Nous serons réunis autour de Dieu (cf. Apo 7.9) pour toujours et nos êtres, aujourd’hui si imparfaits, mortels, seront revêtus d’éternité, vivants à jamais, de la vie même de Dieu.

Paul explique plus longuement à quoi ressembleront nos êtres éternels en 1Co15 et j’en retiens ceci, que nous voyons aussi dans notre passage : il y a une forme de continuité – ce sont bien nos êtres actuels qui sont « recouverts du domicile céleste » – et une forme de discontinuité – nous serons complètement différents, sans péchés, sans souillure, « englouti par la vie ». Paul compare ce changement à la graine qui germe. L’arbre porte le patrimoine génétique, l’espèce, de la graine, mais la graine à complètement disparu (1Co15.35ss).

Cet avenir débarrassé de la mort (1Co15.54-57) et du péché (si la conséquence du péché, c’est la mort, Ro 6.23, la mort ne peut disparaitre que si le péché disparait aussi) doit nous encourager pour notre vie actuelle (cf. v6) : la vie, souvent difficile !, sur cette Terre est passagère et a des conséquences éternelles. Et ces conséquences éternelles doivent aussi éclairer notre marche (cf. vv9-10).

Notre vie éternelle commence à notre naissance avec Dieu, se poursuit sur cette Terre puis dans la suivante. Alors prenons courage, supportons avec patience et détermination les horreurs de ce monde : il ne durera pas, Christ a vaincu, Christ revient et nous vivrons pour toujours avec lui.

Détails