Réfléchir, Remercier, Aimer – Mai 2020

Les annonces de décès de proches ou d’inconnus se multiplient autour de nous et les perspectives d’avenir selon les journaux sont marquées par la crise et la précarité. Heureusement pour nous, la notion de souffrance est plutôt bien traitée dans la Bible et nous ne sommes pas démunis devant ce sujet.

Parmi ceux qui ont souffert, l’apôtre Paul n’est pas le dernier ! Il fait d’ailleurs lui-même une liste de ce qu’il a enduré de pire… et cette liste inclut trahison, lapidation et naufrage (2 Corinthiens 11, 24s) ! Mais Paul est aussi celui qui décrit le mieux la “paix qui dépasse tout ce qu’on peut comprendre,” la paix au sein même de l’épreuve (Philippiens 4, 7).

Ainsi, quand l’apôtre évoque une épreuve récente qui les a accablés “à l’extrême, au delà de nos forces”, il fait dans le même passage l’observation que Dieu “nous donne du courage dans toutes nos souffrances. Ainsi, il nous rend capables d’encourager tous ceux qui souffrent” (2 Co 1,4). Avec ce parcours, nous voulons à la fois nous laisser encourager par Dieu au coeur de nos épreuves et pouvoir être un encouragement de sa part pour ceux autour de nous qui en traversent aussi.

Quelle est cette paix surnaturelle que Dieu nous donne malgré les circonstances, face à nos difficultés du quotidien comme face à celles qui sortent de l’ordinaire, ou bien même devant la torture ou la mort comme pour l’apôtre ? Il n’en parle pas comme d’une absence de souffrances ou de pensées désagréables, mais plutôt comme d’une présence qui impose un calme intérieur, comme un sens profond de la présence de Dieu et une conscience presque surnaturelle de sa protection.

Si cette paix ne nous est pas naturelle mais que nous devons apprendre à la vivre, comment cela est-il possible ? A la suite de Tim Keller dans le chapitre 15 de son ouvrage “La souffrance, Marcher avec Dieu à travers les épreuves et la douleur” (éditions Clé), nous allons au cours de ces trois semaines échanger autour de trois disciplines évoquées par Paul comme permettant à ceux qui les pratiquent régulièrement de trouver plus sûrement cette paix de Dieu : Réfléchir, Remercier et Aimer.

SEMAINE 1 : DANS L’ÉPREUVE, REFLECHIR !

ICE BREAKER ! Imaginez le pire conseil à donner à quelqu’un qui souffre.

MERCI ! Merci Seigneur parce que en toi même les mauvaises choses contribueront au final à notre bien être, les bonnes choses (ton amour renouvelé, l’adoption dans ta famille, la communion avec toi) ne peuvent nous être retirées, et les choses les meilleures (la vie dans ton Royaume, la nouvelle terre et les nouveaux cieux, la résurrection) sont encore à venir !

BIBLE ! Romains 8,18-30

  1. Face à la souffrance, l’apôtre encourage ses lecteurs à initier un travail d’analyse et de réflexion, qu’est-ce que cela a de surprenant ?
  2. Quels sont les éléments qu’il encourage à prendre en compte dans ce travail de réflexion ?
  3. Qu’est-ce qui vous parle le plus dans la description qu’il fait de l’espérance ?
  4. D’après ce texte, quels sont nos secours face à la souffrance ?

CITATION ! “Nous aussi, nous gémissons dans notre cœur en attendant d’être vraiment enfants de Dieu et de devenir complètement libres.”

INTERCESSION ! Prions pour que l’Esprit Saint ancre dans nos coeurs et nos pensées les vérités éternelles de la Bonne Nouvelle de Jésus. Que ces pensés soient la base de notre espérance et notre force dès aujourd’hui : le salut promis ne nous sera pas enlevé, le meilleur est encore à venir.

LA REFLEXION ! Paul, dans l’épreuve, encourage à : 1 – analyser la nature de nos souffrances actuelles et  2 – à penser à l’avenir et à la fin du monde… Original ! On est loin du lâcher prise, de la contemplation de ce qui nous donne du plaisir ou bien du vide intérieur qui sont recommandés par les best sellers du monde entier ! Ici, la paix ne vient pas en réfléchissant moins, mais en réfléchissant plus… et pas à n’importe quoi, mais aux plus grandes et difficiles questions de la vie : la mort, la souffrance, l’avenir, le sens, l’espérance…

Pourquoi Paul se distingue des auteurs contemporains que nous connaissons ? Précisément parce que contrairement à eux, il croit qu’il existe des réponses à ces grandes questions et que ces réponses sont de bonnes nouvelles.

Paul invite à une comparaison qui donne le tournis : comparer la souffrance actuelle à la joie qu’on peut prévoir pour l’avenir… il peut le faire sans risque parce qu’il est sûr de lui : “à mon avis, les souffrances d’aujourd’hui sont peu de choses comparées à la gloire que Dieu nous montrera demain”. “A mon avis”, implique qu’il s’est forgé une opinion raisonnable après une réflexion personnelle. Nous n’avons pas à craindre de contempler ce qui nous fait souffrir, ni de contempler l’avenir, parce que nous savons que dans cette contemplation, par l’Esprit Saint et notre foi en Christ mort et ressuscité, nous trouverons dans cette réflexion de bonnes nouvelles et la paix… de manière durable.

Une idée répandue veut que réconfort et dogmes ne vont pas ensemble : les grandes idées ne seraient d’aucune aide quand on est au coeur de la tourmente. Mais l’expérience de l’apôtre est différente : il y a un grand réconfort dans l’assurance du salut acquis à la croix par Jésus Christ et dans la certitude de son retour et de l’advenue de son Royaume ! Il y a une grande paix dans la conviction de sa puissance, de son règne et de son amour : notre réalité ne se résume pas aux joies et souffrances de cette vie, il y a plus, il y a mieux… et nous le vivrons !

Ce que Paul affirme en creux dans ce texte, c’est qu’un chrétien qui ne connaît pas la paix aujourd’hui… ne réfléchit probablement pas assez ! Si nous réfléchissions plus, nous verrions comment ce que nous croyons illumine ce que nous vivons aujourd’hui.

Pensons plus, pensons plus grand et pensons plus haut, pensons à qui est Dieu et à ce qu’il a fait, pensons au lieu où sa victoire nous conduit, nous qui lui appartenons, pensons à l’ensemble de l’oeuvre de son amour et nous trouverons de la paix. Notre foi dans les affirmations de l’Evangile ainsi que l’Esprit Saint agissant en nous seront la base de notre espérance au coeur de la tourmente.

SEMAINE 2 : DANS L’ÉPREUVE, REMERCIER !

ICE BREAKER ! Quelle est le plat que vous avez regretté le plus amèrement d’avoir commandé au restaurant ?

MERCI ! Merci pour toutes les fois où avec Joseph on a pu dire “vous avez voulu me faire du mal, mais Dieu a voulu changer ce mal en bien.” (Gn 50, 20)

BIBLE ! Philippiens 4, 4-12

  1. Pourquoi a votre avis Paul nous invite-t’il à être reconnaissants au moment où on fait nos demande à Dieu plutôt que quand il répond positivement à nos requêtes ? 
  2. D’où viennent la paix et la joie dont Paul parle ? D’où ne viennent-elles pas ?
  3. A votre avis qu’est-ce qui a permis à Paul de savoir se contenter de ce qu’il a ?
  4. Comment pourrions-nous trouver de la paix et de la joie en toutes circonstances ?

CITATION ! La paix de Dieu, qui dépasse tout ce que nous pouvons comprendre, gardera vos cœurs et vos pensées unis au Christ Jésus.

INTERCESSION ! Seigneur donne-nous, par la reconnaissance et notre confiance en ton amour, de trouver de la joie et de la paix. Fais venir sur nous et ceux que nous savons dans la souffrance en ce moment une paix qui dépasse tout ce que l’on peut comprendre.

LA REFLEXION ! Notre première étape était d’apprendre, dans l’épreuve, la discipline de réfléchir aux grandes questions de la vie. Maintenant s’ouvre à nous une autre discipline qui permet de recevoir la paix de Dieu au coeur de la souffrance : celle de remercier. Vivre la reconnaissance.

Au début du texte d’aujourd’hui, Paul dit “ne soyez inquiets de rien mais demandez toujours à Dieu ce qu’il vous faut… avec un coeur reconnaissant.” Cette recommandation peut être surprenante ! On aurait plutôt tendance à attendre la réponse de Dieu avant d’être reconnaissant. Il est plus naturel de le remercier quand il répond positivement à nos demandes qu’au moment où on les formule sans encore savoir quelle sera sa réponse. Par ces mots, Paul nous appelle en fait à faire confiance dans les décisions de Dieu. Le secret du contentement réside dans le fait de reconnaitre que nos vies sont dans ses mains et qu’il est bien plus sage que nous ! Ainsi, on peut sincèrement remercier Dieu pour sa réponse, quelle qu’elle soit  !

Dans le passage de Romains 8, que nous avons lu la semaine passée, Paul disait que “Dieu fait tout pour le bien de ceux qui ont de l’amour pour lui” (v.28). Cela ne signifie pas que tout ce qui nous arrive est bon si on apprend à le regarder de la bonne manière ! Il ne s’agit pas de regarder le côté positif des choses. Il s’agit plutôt de comprendre que toutes les choses qui nous arrivent, , bonnes et mauvaises, seront au final réarrangées par Dieu pour que les projets de l’ennemi soient renversés. Ce qui était destiné à nous nuire aura l’effet inverse : un bien encore supérieur ! Dieu seul a une vision d’ensemble de l’histoire et à plus forte raison de nos histoires, c’est pourquoi nous pouvons lui faire confiance et le remercier quoi qu’il arrive, même si nous ne le comprenons pas. Il conduit nos histoires, pour notre bonheur !

SEMAINE 3 : DANS L’ÉPREUVE, AIMER !

ICE BREAKER ! Quelle est une “cochonnerie” que vous aimez beaucoup trop ? 

MERCI ! Méditons ces versets et laissons-les nous remplir de joie ! “Mais dans tout ce qui nous arrive, nous sommes les grands vainqueurs par celui qui nous a aimés. Oui, j’en suis sûr, rien ne pourra nous séparer de l’amour que Dieu nous a montré dans le Christ Jésus, notre Seigneur. Ni la mort, ni la vie, ni les anges, ni les esprits, ni le présent, ni l’avenir, ni tous ceux qui ont un pouvoir, ni les forces d’en haut, ni les forces d’en bas, ni toutes les choses créées, rien ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu !” (Romains 8,37-39 PDV)

BIBLE ! 2 Corinthiens 1, 3-11, Philippiens 4, 8-11

  1. Sur la base de ces textes, qu’est-ce que Paul aime plus que tout et à quoi est-il indifférent ? 
  2. Pourquoi l’ordre de ses amours lui permet de trouver de l’encouragement dans l’épreuve ? 
  3. Pourquoi placer notre amour dans les mauvaises choses peut être un danger pour nous ?
  4. Comment faire pour que notre amour pour Dieu occupe une place plus importante dans nos vies ? 

CITATION ! “Nous avions l’impression que la peine de mort avait été décidée contre nous. Cependant, il en fut ainsi pour que nous apprenions à ne pas placer notre confiance en nous-mêmes, mais en Dieu qui ressuscite les morts.” 2 Corinthiens 1,9 (PDV)

INTERCESSION ! Seigneur, nous te demandons ta grâce. Nous ne voulons pas aimer moins, mais aimer plus. T’aimer plus pour mieux aimer le monde de ta part en tous temps, même quand des personnes ou des choses importantes nous sont retirées. Nous te prions pour tous ceux qui voient ce moment leur monde s’effondrer parce que ce qu’ils aimaient le plus au monde n’existe plus. Donne-leur la grâce de connaître l’amour que tu leur porte et ta beauté. Fais de nous tes témoins auprès d’eux.

LA RÉFLEXION ! Il y a réfléchir, remercier et enfin, aimer. Ces trois disciplines nous aident à trouver et à donner du réconfort au coeur de l’épreuve. Dans Philippiens 4,8, Paul nous invite à penser à tout ce qui est vrai, respectable, juste et pur… choses qu’on associerait volontier à une réfexion juste sur Dieu, à l’intellect et à la volonté. Mais ensuite, il continue en mentionnant “tout ce qu’on peut aimer et approuver, tout ce qui est très bon et mérite des félicitations.” le langage ici engage plus les émotions, le plaisir, ce qui est attractif. Ici, l’apôtre nous encourage non pas seulement à ordonner nos pensées, mais aussi à ordonner nos amours, ce qui engage notre coeur. 

Si on veut arriver à rester à flots dans les tempêtes, ne pas être mis à terre par les épreuves et difficultés, il ne nous suffira pas de penser les bonnes choses, il nous faudra aussi apprendre à aimer les bonnes choses.

Comment apprendre le contentement dont Paul parle au v. 11 ? Les philosophes stoïques répondaient à cette question en disant que nous ne devrions aimer que les choses que nous pouvons contrôler, ainsi nous pourrons contrôler notre bonheur. Ce n’est pas ce que Paul dit ici. Paul dit que seul l’amour des choses immuables peut nous apporter de la tranquillité. Paul sait qu’en réalité il y peu de choses que nous soyons réellement capables de contrôler, même notre propre vertu nous décevra. 

Mais une chose est immuable, une chose est stable quoi qu’il arrive : Dieu, sa présence et son amour. Le seul amour qui ne nous décevra pas et qui ne changera pas, qui ne peut pas être perdu ni détruit par les circonstances ou nos actions, qui ne peut pas être éteint par la mort elle-même.

Nous devons apprendre à plus aimer Dieu afin de trouver notre bonheur en lui, qui ne change pas. Est-ce que ça veut dire que nous devons cesser d’aimer les autres choses ? Le confort matériel, les gens, les belles histoires… En fait, il s’agit plus de réordonner nos amours. Notre problème en général ne vient pas tant du fait qu’on aime trop notre carrière ou notre famille, mais qu’on n’aime pas assez Dieu, en proportion de notre amour pour ces choses là.

C.S. Lewis a écrit à ce sujet : “Il est probablement impossible de tout simplement “trop” aimer un être humain. Il est possible, par contre, qu’on l’aime trop par rapport à l’amour que l’on a pour Dieu ; mais ce qui est déplacé ici, c’est la petitesse de notre amour pour Dieu et non la grandeur de notre amour pour la multitude.”

Voilà la dernière manière trouver le calme, la tranquillité, la paix : aimer Dieu d’un amour suprême.

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