Patois de Canaan, Le Retour ! – Juin 2022

Ceux qui étaient déjà membres d’une miniglise en janvier 2019 se souviendront peut-être de nos partages sur le patois de Canaan, nom communément donné à ce dialecte parlé dans la communauté chrétienne, composé d’un vocabulaire religieux entré dans notre langage courant. Comme nous étions loin d’avoir fini d’en explorer la richesse, nous avons décidé d’élaborer une suite !

Ces derniers mois, les thèmes ont, pour partie, tourné autour du témoignage et du changement de perspective sur l’autre, celui qui est différent et ne communique pas comme nous. Notre façon de nous exprimer, tant entre chrétiens que quand nous sommes entourés de personnes ne partageant pas notre foi, fait également partie de notre témoignage et importe pour que le message de l’évangile soit entendable. 

Pour ce dernier mois de l’année scolaire, nous vous proposons d’explorer trois nouveaux termes et d’en peser toute la signification pour vous-mêmes et pour ceux qui vous entourent. 

Cette réflexion pourra même être l’occasion de partager votre foi en demandant à vos amis, vos collègues, comment ils interprètent tel ou tel vocabulaire de notre patois de Canaan. 

SEMAINE 1 : LA BENEDICTION 

QUESTION BÊTE ! Pensez à un aliment que vous n’aimez pas du tout manger et essayer d’en nommer les vertus. 

MERCI ! En ce dernier mois de l’année scolaire, prenons le temps de louer Dieu pour tout ce qu’Il a réalisé en nous, par nous et pour nous depuis septembre. 

BIBLE ! Lire Ephésiens 1:3-14 

  • En lisant Ephésiens et la liste des bénédictions que Dieu nous a accordées, cette notion de bénédictions est-elle conforme à celle que vous en aviez ? Pour vous, que recouvre le terme de bénédiction ? 
  • Parvenez-vous à vous sentir béni quand les circonstances autour de vous sont en votre défaveur ? 
  • Au contraire, vous sentez-vous plus béni que les autres quand plein de belles choses vous arrivent (des finances au beau fixe, un mariage, des enfants, une bonne santé…) 
  • En quoi bénir le nom de Dieu peut nous aider quand nous traversons des moments difficiles ? 

PRIONS ! Seigneur, aide-nous à ne pas laisser les circonstances ou la façon dont on peut être traité diriger les pensées et les paroles qui s’élèvent de nos cœurs, permet que nous soyons disposés à bénir en toutes circonstances. 

REFLEXION ! 

“Sois béni”, “QDTB(1)”, “Il est vraiment béni !”, “#blessed” sont autant d’expressions et formules que nous avons pu lire et entendre, voire utiliser nous-mêmes. Nous voulons décortiquer ce mot, autant pour en mesurer la signification quand nous les utilisons entre chrétiens, mais aussi sur ce que cela peut évoquer pour des personnes qui ne connaissent pas Christ. 

Au sens étymologique, la bénédiction est le “fait de dire du bien”. 

Dans la bible, le terme de bénédiction est utilisé tant pour parler des hommes que pour parler de Dieu. Dans l’ancien testament, on se réfèrera à l’origine hébraïque : bénédiction vient du mot Berakah qui signifie aussi prospérité, louange de Dieu, un don, un présent, un traité de paix. Les grecs utilisaient le terme Eulogia qui renvoie aux mêmes significations. 

Communément, une personne semble bénie lorsque les circonstances lui sont favorables, lorsque ses situations financière, relationnelle, son état de santé sont au beau fixe. Au contraire, une personne ou un peuple qui connaîtraient beaucoup de tribulations pourra être considéré comme maudit. 

Dans son épître aux Ephésiens, Paul nous appelle à adopter un autre regard. Relevons un point de contexte important : quand Paul écrit cette épître, il est en prison. Loin de l’idée qu’on peut se faire d’une situation bénie, n’est-ce pas? Et pourtant, Paul bénit Dieu et se considère lui-même comme béni. Et pour cause, il fait référence à des bénédictions particulières : des bénédictions spirituelles. Il considère que sont autant de bénédictions le fait de pouvoir : apparaître sans défaut devant Dieu grâce au sang de Christ versé à la croix ; être appelés enfant de Dieu ; le pardon de nos péchés… Si nous sommes unis au Christ, nous sommes pleinement bénis et bénéficions de privilèges sur lesquels il est bon de méditer et qui peuvent raviver notre espérance, même quand tout semble s’écrouler autour de nous.

(1) Que Dieu Te Bénisse 

SEMAINE 2 : LA REPENTANCE

QUESTION BÊTE ! Quelle différence faites-vous entre un regret, un remord, et un repentir ?

MERCI ! Nous voulons dire merci à Dieu pour toutes les fois où il a changé notre regard sur les autres, sur lui ou sur nous-mêmes…

BIBLE ! Lire Luc 15,7 et 2 Corinthiens 7,5-10

‭‭Luc‬ ‭15:7‬ « De même, je vous le dis, il y aura plus de joie dans le ciel pour un seul pécheur qui se repent, que pour quatre-vingt-dix-neuf justes qui n’ont pas besoin de repentance.» (version Louis Segond)

  • Comment entendez-vous le mot « repentance » ? Est-ce que vous l’entendez de manière positive (joyeuse) ou négative (douloureuse) ? Est-ce qu’il vous fait peur ?
  • Qu’est-ce qui, selon vous, distingue une repentance profonde d’un repentir superficiel ?
  • En quoi la repentance est-elle une clé de la vie avec Dieu et de la sanctification ?

PRIONS ! Seigneur, nous avons besoin de nous convertir encore, et de nous tourner davantage vers toi ; montre-nous les domaines de notre vie (matérielle, psychique, relationnelle, spirituelle) qui échappent à ton autorité et ont besoin d’être transformés par la repentance.

RÉFLEXION !

La « repentance », « se repentir », voilà des termes qui n’ont pas trop la côte aujourd’hui… Pour beaucoup, ils sont synonymes de culpabilité, de châtiment, et ils évoquent encore l’atmosphère étouffante des confessionnaux catholiques ! Pourtant, il n’est pas possible d’évacuer la question car la repentance est très présente dans la Bible et parce qu’elle représente une séquence essentielle de la foi. Alors oublions nos « a priori » et intéressons-nous à ce qu’elle est vraiment.

En hébreu, le terme utilisé pour parler de la repentance c’est techouva. Il existe un autre terme hébreu qu’on traduit aussi par repentance ’haratah mais il évoque davantage le remord, le sentiment de culpabilité pour le passé. La techouva (du verbe “chouv”) renvoie singulièrement à l’idée du retour ou du retournement.

La repentance décrit ainsi un état et un mouvement : elle se caractérise d’abord par une douleur ou tristesse que l’homme éprouve quand il prend conscience de son péché et par un changement d’attitude qui en résulte et qu’on appelle la conversion (un demi-tour vers Dieu !). L’Ancien Testament emploie donc ce même mot techouva pour parler indistinctement de la repentance et de la conversion. Car la vraie repentance se traduit forcément par le fait de « revenir » ou de « retourner » à Dieu (cf Dt 4.30 ou És 55.7).

Notons aussi que cette repentance-conversion est au cœur du message de Jésus : « Dès ce moment Jésus commença à prêcher, et à dire: Repentez-vous, car le royaume des cieux est proche.» (Mt ‭4,17‬). Et c’est la manière radicalement nouvelle dont Jésus parle de Dieu qui va conduire les hommes et les femmes de son temps à se repentir de leur péché, et à revenir vers le “Dieu compatissant et plein de bonté”’. D’ailleurs, Jésus n’hésite pas à exprimer combien cette véritable repentance réjouit le coeur de Dieu (cf Luc 15,7). Et là encore, la repentance se distingue d’un repentir superficiel par le fait qu’elle produit du fruit et amène un changement de notre manière de vivre (Luc 3,8).

Dans le passage de la 2ème lettre aux Corinthiens, Paul va souligner à son tour la différence entre le repentir qui s’apparente plutôt à un regret superficiel de la faute ou du péché, et la repentance qui conduit à une conversion. Il évoque sa première lettre dans laquelle il leur a fait beaucoup de reproches. Visiblement ses reproches ont touché leur coeur et leur ont fait prendre conscience de tout ce qui, dans leur manière de vivre individuellement et en église, était indigne de l’amour de Dieu. Il établit une distinction claire entre la « tristesse du monde » qui ne produit rien et conduit finalement à la mort, et la tristesse selon Dieu qui produit une « repentance à salut », ce qui signifie un changement profond, une conversion salutaire. « De cette repentance-là qu’on ne s’en repent jamais » écrit même Paul !

La repentance est donc une clé pour notre vie chrétienne : la prise de conscience de notre péché (c’est-à-dire de ce qui nous a coupés de Dieu) et la tristesse que nous ressentons vis-à-vis de Dieu, déclenchent en nous le désir de revenir à lui et de chercher auprès de lui non pas une consolation à bon marché, mais ce pardon plein d’amour qui nous sauve et nous remet debout pour une vie nouvelle…

 

SEMAINE 3 : SAINT

QUESTION BÊTE ! Que se passe-t-il quand vous essayer de toutes vos forces de ne penser à rien? 

MERCI ! Louons le Seigneur avec le Psaume 111. 

BIBLE ! Lire 1 Pierre 2:1-10. 

  • Assumez-vous d’être appelés saint ? Si oui, pourquoi ? Si non, pourquoi ? 
  • D’après l’épître de Pierre, quelle est la clé de la sainteté ? Pouvons-nous atteindre la sainteté par nos propres efforts ? 
  • Dans votre vie quotidienne, comment vivez-vous le fait d’être “mis à part” tout en vivant au cœur du monde? 

PRIONS ! Seigneur, nous te demandons pardon pour toutes les fois où nous prenons l’apparence de la sainteté sans te laisser pleinement nous transformer. Nous voulons t’abandonner notre morale humaine et te laisser inscrire ta loi dans nos cœurs. 

REFLEXION ! 

Dans la croyance populaire, en atteste la définition tirée de Wikipédia, les saints sont considérés comme des modèles de vie en raison d’un trait de personnalité ou d’un comportement réputé exemplaire. Cette définition nous paraît incomplète.  

La tentation est présente de réduire la sainteté à la perfection morale. La sainteté apparaît bien souvent, y compris pour les chrétiens, comme un idéal de vie inatteignable. Associé à une vie terne, inintéressante et austère, la position de saint est, même, presque peu enviable au 21ème siècle. 

Pourtant, dans son épître, l’apôtre Pierre présente la sainteté comme un privilège réservé à tous ceux qui mettent leur foi en Jésus Christ, l’ayant accepté comme Seigneur et Sauveur. 

Le mot “saint” vient de l’hébreu Qadash, qui signifie être mis à part, séparé, consacré. Quand nous intégrons le corps du Christ, nous bénéficions de son sacrifice à la croix qui nous a rendu saint et juste. Nous sommes alors séparés du monde pour être positionné en Christ qui nous rend saint par sa propre sainteté. 

Ceci étant dit, nous sommes appelés à aligner nos modes de pensées et nos actions à notre position en Christ. Cela peut exiger d’aller à contre-courant et de se libérer de la peur d’être différent, à part. Nous avons un excellent modèle en la personne de Jésus. À de nombreuses reprises, il a bousculé les conventions sociales pour faire advenir sa justice et sa bonté (guérir le jour du sabbat ; toucher un mort, le fils de la veuve de Naïn, pour le ramener à la vie, ce qui n’était pas socialement acceptable à l’époque). Nous acceptons aussi d’être séparé du monde, non géographiquement mais par l’objectif que nous souhaitons atteindre. Il s’agit pour nous de courir une autre course vers un but différent, pour reprendre les mots de l’apôtre Paul. Aimer Dieu, aimer notre prochain, être le sel de la terre et la lumière du monde sont autant de piliers qui guident notre manière de vivre : nos pensées, nos paroles et nos actions. 

La clé pour parvenir à cet objectif n’est pas d’essayer de toutes nos forces : “Approchez-vous de lui (…) et vous-mêmes, comme des pierres vivantes, édifiez-vous pour former une maison spirituelle, un saint sacerdoce.” Plus nous cherchons la présence de Jésus, plus nous sommes transformés à son image.

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