Pour ne pas céder aux fascinations morbides : A Toi la Gloire !

Par Anne

Quelle surprise pour notre interlocuteur de la Mairie lorsque nous lui avons appris qu’il n’y aurait pas de culte au temple le jour de la Toussaint, pas plus que celui dit « des défunts » (le lendemain) ! C’est vrai que de ce côté-là les protestants sont les originaux au sein du christianisme, et même au-delà, puisque les crânes et autres squelettes d’Halloween nous rappellent que les celtes déjà en avaient fait un moment fort de l’année. Et je ne parle pas de toutes les bagues et autres t-shirt arborant des têtes de mort tout au long de l’année…

C’est que Luther, en dénonçant le commerce qui avait lieu autour de la possibilité d’acheter son Salut, a aussi mis en lumière la manipulation des ecclésiastiques de l’époque qui jouaient sur la peur de la mort. Ce n’est donc pas du tout un hasard que la Réformation (le 31.10, cf article de la semaine dernière) soit la veille de la Toussaint : il fallait réaffirmer que l’Evangile annoncé dans la Bible s’appuie d’abord sur la résurrection du Christ, victoire sur la mort d’un Dieu qui veut par amour que nos vies soient renouvelées, libérées, relevées. Et que de cela, nul n’est propriétaire, pas même l’Église.

Dans la foi, ce n’est pas vers la mort et la peur qu’elle nous inflige que nous nous tournons, mais résolument vers la vie, et une vie plus forte et grande que la mort, telle est l’espérance qui nous habite. 

Se détourner de la fascination que peut opérer ce qui est morbide est un vrai retournement et un choix, à la fois individuel dans l’acte de foi, et collectif dans notre façon de vivre le christianisme. C’est pour cela que dans les temples la croix est nue, pour cela aussi que l’habitude protestante au moment d’un décès est de d’abord procéder à l’inhumation ou la crémation du corps avant de vivre un culte où il s’agit de rendre grâce pour le témoignage reçu à travers la vie du défunt. Il s’agit de ne pas laisser à la mort et à la tristesse le dernier mot, mais d’inscrire notre espérance dans nos façons de vivre y compris les deuils qui nous affectent. Et de se détourner dans le même mouvement de toutes les tentations superstitieuses de nier cette épreuve en faisant croire que le lien avec la personne décédée pourrait ne pas être rompu. Il l’est. Ce n’est que par la foi que nous pouvons éprouver que Christ tisse entre les croyants de tous les temps, un lien spirituel bien vivant.

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