Pourquoi l’écologie chrétienne est notre avenir ?
Par Rebecca
L’écologie chrétienne serait-elle la solution face au réchauffement climatique ? Nécessitons-nous en tant que chrétiens une “conversion écologique” ? Dans le contexte actuel où la crise écologique n’a jamais été aussi prégnante, même si certains tentent de l’ignorer ou la minimiser, nous ne pouvons en tout cas pas prétendre qu’elle n’existe pas. Notre planète est menacée par les conséquences déjà visibles du réchauffement climatique, et nous sommes tous concernés. Quel est notre rôle en tant que chrétiens face à cela ?
L’émergence de l’écologie chrétienne
Avant toutes choses, il est important de revenir à la source du mot écologie afin de bien comprendre de quoi nous parlons. En français courant, il s’agit d’une doctrine visant à un meilleur équilibre entre l’homme et son environnement naturel, ainsi qu’à la protection de ce dernier. S’il existe un besoin de retour à l’équilibre, c’est qu’un déséquilibre s’est donc produit quelque part.
Rappelons que le climat se réchauffe à un rythme sans précédent depuis au moins 2000 ans. Les émissions mondiales de gaz à effet de serre ne baissent pas, au contraire, et cela génère déjà de nombreux phénomènes météorologiques et climatiques extrêmes dans le monde entier. Les scientifiques sont unanimes : c’est l’activité humaine qui en est à l’origine. Nous avons donc tous une responsabilité face à ce drame qui se prépare.
Si l’Église n’a pas toujours montré un réel intérêt pour le sujet de l’écologie, un “réveil écologique” s’est tout de même produit au sein de la communauté chrétienne en France, notamment ces deux dernières années. Notons par exemple l’émergence du label Église verte en 2020 (que nous avons obtenu au Temple du Marais), ou encore des initiatives telles que les Assises chrétiennes de l’écologie, qui ont réuni 2 000 chrétiens à Saint-Étienne, ou des marches pour le climat un peu partout en France en mars dernier à l’appel de diverses associations œcuméniques.
Pourquoi l’Église doit s’emparer de l’écologie chrétienne
S’il est donc indéniable que le péril écologique menace la planète et l’humanité, impossible pour l’Église de passer à côté et d’ignorer le sujet. Cela nous oblige alors à repenser notre rapport à la création, à nous replonger dans la Bible pour mieux le comprendre.
“Soyez féconds et multipliez-vous, remplissez la terre et soumettez-la”
En 1967 paraît dans la revue Science un article du professeur d’Histoire américain Lynn Townsend White Jr., qui rend en quelque sorte la vision judéo-chrétienne du monde responsable de la crise environnementale. Rappelons qu’aux États-Unis dans les années 1960, la science et le capitalisme sont à leur apogée, et font naître alors une culture contestataire teintée d’une certaine conscience écologique. Dans son ouvrage, White, de confession protestante, s’appuie sur la Bible : “Soyez féconds et multipliez-vous, remplissez la terre et soumettez-la. Soyez les maîtres des poissons de la mer, des oiseaux du ciel, et de tous les animaux qui vont et viennent sur la terre” (Genèse 1, 28). Ce passage de la Genèse aurait favorisé d’après White un sentiment de puissance sur la nature par l’Homme, qui aurait nourri ainsi le système capitaliste. Il est intéressant de noter que dans la Genèse, Adam nomme sa femme Eve, “c’est-à-dire la vivante : en effet, elle est la mère de tous les vivants” (Genèse 3:20). Mais alors, quelle mère autoriserait que l’on dégrade ainsi ses enfants ?
Dans le récit de la création dans la Genèse, il est également intéressant de noter le procédé de l’épiphore utilisé par l’auteur, avec la répétition de “Dieu vit que c’était bon” à chaque fin de verset. La traduction commune du mot hébreux tov est d’ailleurs “bon”, mais tov signifie en réalité à la fois bon et beau. Devant sa création, Dieu s’émerveille donc, Il l’a non seulement voulue bonne, mais aussi belle.
À de nombreuses reprises d’ailleurs dans la Bible, notamment dans les Psaumes, il est question de la beauté de la création : “Les cieux racontent la gloire de Dieu, et l’étendue céleste manifeste l’oeuvre de Ses mains” (Psaumes 19:1) Job nous invite aussi à contempler et reconnaître l’oeuvre de Dieu dans la nature : “Interroge les bêtes, elles t’instruiront, les oiseaux du ciel, ils te l’apprendront ; parle à la terre, elle t’instruira ; et les poissons de la mer te le raconteront. Qui ne reconnaît chez eux la preuve que la main de l’Éternel a fait toutes choses ?” (Job 12 : 7 à 9)
Comment être de meilleurs “chrétiens écolos”
Une fois notre conscience éveillée à propos de notre impact en tant qu’êtres humains sur le réchauffement climatique, comment alors s’activer pour la sauvegarde de la création dans une perspective chrétienne ? Et comment intégrer la dimension écologique sans sacraliser la nature à outrance ?
Tout d’abord, rappelons que l’écologie est une forme de lutte à la mesure du désastre qui se profile, pour une gestion plus intelligente et responsable de la Planète. Cela ne va donc pas à l’encontre de nos convictions en tant que chrétiens, bien au contraire.
“Notre manière de nous traiter les uns les autres reflète notre manière de traiter notre Planète”
En parcourant les différentes ressources pour écrire cet article, je suis tombée sur cette citation édifiante du patriarche orthodoxe Bartholomeos Ier, surnommé “le patriarche vert”. Si Dieu nous demande de “nous aimer les uns les autres comme il nous a aimés” (Jean 13:34), ne devrions-nous pas aimer aussi Sa création, et en prendre soin ? Dans son Laudato Si (“Loué sois-Tu”), une encyclique publiée en 2015, le Pape François relie d’ailleurs le fait de prendre soin de la nature avec celui d’aimer son prochain. “Le sentiment d’union intime avec les autres êtres de la nature ne peut pas être réel si, en même temps, il n’y a pas dans le cœur de la tendresse, de la compassion et de la préoccupation pour les autres êtres humains” (Laudato si’, 91).
À travers ce texte, François lance un véritable appel à protéger notre “maison commune”, la Terre. “Il est important de se souvenir que les textes bibliques nous invitent à ‘cultiver et garder’ le jardin du monde. Alors que ‘cultiver’ signifie labourer, défricher ou travailler, ‘garder’ signifie protéger, sauvegarder, préserver, soigner, surveiller. Cela implique une relation de réciprocité responsable entre l’être humain et la nature” (Laudato si’, 67). Le Pape fait ici référence à ce passage de la Genèse : “Le Seigneur Dieu prit l’homme et le conduisit dans le jardin d’Éden pour qu’il le travaille et le garde” (Genèse 2, 15). Ici, l’Homme apparaît plutôt comme gardien ou intendant de la nature, que comme “prédateur”.
Quoi qu’il en soit, nous sommes invités en tant que chrétiens, à relire les textes bibliques de manière éclairée dans le contexte actuel, et à retrouver pour l’environnement qui nous entoure un émerveillement, et au-delà, un amour qui nous pousse à en prendre soin par les différents moyens dont nous disposons aujourd’hui.