Qui fut le premier pasteur du Temple du Marais ?
Par Nathalie
En rangeant le Temple et en préparant les travaux de la pièce située au-dessus de la petite sacristie où est rangé tout ce qui concerne la musique et le son, on a retrouvé des bustes. Parmi eux, il en est un qui est décrit dans l’Inventaire général des richesses d’Art de la France, Paris, Edifices religieux, tome 3, chapitre « Temple Sainte Marie », inventaire dressé et publié entre la fin du XIXème siècle et le début du XXème. On y lit qu’un buste en plâtre bronzé haut de 68cm réalisé par le sculpteur Bernard Jean Duseigneur, et signé « Duseigneur, MDCCCXXVI » (1826), était installé sur la cheminée de la grande sacristie. La statue est austère, mais qui représente-t-elle ? Paul-Henri Marron, premier pasteur du Temple du Marais.
Comment est-il devenu pasteur du Temple du Marais ?
En 1802, Bonaparte, avec les Articles organiques du 8 avril, reconnait la place des protestants à l’intérieur de la communauté nationale, mais il en impose l’organisation sans discussion avec les représentants, puis il affecte la chapelle Sainte Marie au culte réformé (ce qui fait de notre Temple le premier lieu de culte qui ait jamais existé dans Paris) et il nomme comme président de l’Eglise réformée celui qui était déjà pasteur de Paris depuis quelques années, Paul-Henri Marron. Celui-ci va cumuler la direction de l’Eglise protestante, ce qui l’amène à prêcher partout, avec ce poste de pasteur au temple de 1802 à 1832, en fait, dès que Bonaparte a accordé la chapelle des visitandines en décembre 1802, jusqu’à la mort de PH Marron.
Qui est-il ?
Paul-Henri Marron appartient à « une famille huguenote du refuge », c’est-à-dire fuyant la France -originaire de la Drôme-, et réfugiée aux Pays-Bas où il nait en 1754. Il devient pasteur et souhaite venir au soutien des protestants français dont la vie est compliquée depuis la révocation de l’édit de Nantes. Il arrive à Paris en 1782, comme chapelain de l’ambassade de Hollande, ce qui lui permet de s’occuper des protestants parisiens à l’abri , en effet, un culte en français est possible à l’ambassade depuis le traité d’Utrecht en 1713. En 1787, avec l’édit de tolérance, il devient pasteur de la communauté, mais s’il gère l’état civil, il ne peut prêcher et enseigner qu’en privé, le culte public est toujours interdit. Avec la révolution, tout change, les protestants intègrent la citoyenneté, ils vont avoir leur culte, dans une salle louée au départ (l’Eglise désaffectée de Saint-Louis-du-Louvre, dans le quartier des Tuileries qui sera détruite en 1811). S’il est arrêté pendant la terreur, il est libéré avec le directoire et poursuit son action.
En quoi a-t-il joué un grand rôle ?
En 1802, il devient le chef de l’Eglise réformée, structurée avec un consistoire et sans synode, il est assisté de deux autres pasteurs : Jean Frédéric Mestrezat (qui interviendra aussi au Marais) et Jacques Antoine Rambaud Pommier (qui lui ira plutôt à l’Oratoire). Avec eux, il organise la communauté, et les paroisses au fur et à mesure qu’elles se constituent, signe des lettres pastorales, dialogue avec les autorités, et prêche bien sûr. Tous 3 sont réputés très proches des fidèles. Paul-Henri Marron a joué un rôle de tout premier plan pour aider la communauté protestante de Paris et d’Ile de France à sortir de l’éviction et de la clandestinité et devenir une véritable Eglise, reconnue, quitte à en faire une Eglise consistoriale officielle.
Spirituellement, d’après le pasteur Vassaux, « L’idée d’harmonie entre le Divin et l’humain l’emporte chez lui sur l’idée de rupture, mais il n’oublie pas que la sagesse de ce monde est folle pour Dieu et il dénonce avec énergie les principes corrupteurs et le libertinage de son temps ». Nous ne l’oublions pas !
Pour en savoir plus sur les leaders de la foi, cliquez-ici.