Lectio divina : (re)trouver Dieu dans le silence ?

Par Franck-Gregor 

Écouter est aussi un acte de foi : la lectio divina comme invitation à se laisser interpeller

Dans un monde où l’urgence et les sollicitations permanentes nous submergent, le silence est devenu un luxe, presque une nécessité. C’est dans cet espace rare que la lectio divina prend tout son sens, offrant une pause précieuse, une invitation à ralentir, à nous recueillir, et à écouter avec un cœur disponible.

Chaque lundi soir, un groupe de jeunes (20-35 ans) se réunit autour d’un repas pour vivre ce moment de prière. Dans l’esprit des premiers chrétiens, itinérant tour à tour dans les appartements de chacun, au Centre St-Guillaume (Paris VII) et, depuis la rentrée de septembre 2024, une fois par mois au Temple du Marais, chacun s’ouvre à la Parole, non pour interpréter ou expliquer, mais pour laisser résonner ce que Dieu veut dire dans l’intimité de sa foi.

Une ouverture dans un monde qui craint le silence

Le silence est aujourd’hui souvent perçu comme un vide que l’on cherche à combler, un instant d’inconfort dans le rythme effréné de notre quotidien. La lectio divina, pratique millénaire de la tradition chrétienne, invite à ce retrait. Depuis les premiers moines, qui cherchaient le silence pour entendre Dieu, elle appelle à une écoute qui transcende le simple intellect. Dans notre époque saturée d’images et de sons, elle nous rappelle que l’Écriture est une parole vivante, toujours prête à résonner pour ceux qui l’accueillent. Pratiquée seul(e) ou en groupe, cette lecture méditative se déploie en quatre étapes : la lecture, la méditation, la prière et la contemplation. Chacune nous mène plus profondément vers une écoute véritable, celle qui ne cherche pas à remplir, mais à recevoir.

La lecture (lectio) : accueillir sans hâte

Ici, le texte n’est pas une énigme à résoudre, mais une présence à rencontrer. On le lit non pour l’analyser, mais pour l’accueillir. Un silence prolongé s’installe ensuite, permettant au texte de faire son chemin en nous sans que nous lui imposions de sens immédiat.

La méditation (meditatio) : l’écho de la Parole

On s’interroge : Que me dit Dieu aujourd’hui ? Cette question ne requiert pas de réponse immédiate, mais invite à une écoute intérieure, au-delà des mots. Dans ce silence méditatif, chaque mot, chaque phrase devient une résonance, ouvrant en nous un espace où la Parole peut prendre racine.

La prière (oratio) : une réponse intime

La prière est la réponse intime à ce que la méditation a éveillé. Elle peut être une phrase simple, un murmure, ou même un silence chargé de présence. Elle devient un espace de liberté, où l’on se tourne vers Dieu avec authenticité.

La contemplation (contemplatio) : au-delà des mots

Il ne s’agit plus de comprendre ou d’exprimer, mais simplement de demeurer présent, ouvert. Dans cet espace de paix, on découvre que parfois la foi n’a pas besoin de mots. Ce silence, ce renoncement au contrôle, nous invite à entrer dans le mystère de Dieu, à laisser la Parole résonner au-delà de ce que l’on pourrait dire.

Une sagesse pour notre époque

Dans un monde qui valorise l’action, la lectio divina rappelle l’importance de l’écoute et de l’intériorité. La sagesse réside autant dans ce que l’on reçoit que dans ce que l’on comprend.

Dans une époque où chaque silence est perçu comme un manque, où l’immédiateté est la norme, la lectio divina invite à redécouvrir la profondeur de l’écoute, nous rappelant que l’essentiel n’est pas dans la réactivité, mais dans l’attention sincère. Par cette pratique, nous renouons avec une tradition qui valorise le calme, la profondeur et l’ouverture au mystère. Elle montre que, dans le silence de l’écoute, la Parole continue de vivre et de transformer ceux qui lui offrent un espace pour s’exprimer.

Franck-Gregor 
Si vous souhaitez rejoindre le groupe Lectio Divina, vous pouvez contacter Franck-Gregor par mail : franckg.mb@gmail.com ou sur le groupe Whatsapp ici.