Avons-nous besoin de toujours plus ?

Par Prudence

Dans notre société où dominent le capitalisme et les sollicitations excessives, la vie est devenue une course folle vers le “toujours plus” : il y a toujours plus de choses à faire, et si nous ne les faisons pas, la culpabilité nous gagne (quoi de plus horrible qu’un vendredi soir sans activités) ! Il y a toujours plus de choses à regarder (réseaux sociaux, Netflix), il y a toujours plus de choses à apprendre (et si nous ne connaissons pas tout, nous manquons d’occasions de briller en société) ! Et puis, toujours plus d’objets à entasser dans les caves et placards, un agenda toujours plus rempli… C’est comme si nous n’étions rassasiés de rien.

Nous sommes maintenant dans le temps du carême : pendant cette période, de nombreux chrétiens du monde entier se mobilisent dans la prière, dans la pénitence (pour implorer le pardon de Dieu), dans le jeûne et par des privations diverses. Chez les protestants, le carême n’est pas imposé, puisqu’il n’est pas prescrit dans la Bible. Tout de même, cette période de l’année nous invite à nous questionner : est-ce que notre façon d’aborder le réel fait sens ?

Pourquoi toute cette agitation ? Est-ce bien nécessaire ?

 C’est dans ce tumulte que le carême prend sens. Il nous encourage à dire “stop” à cette frénésie ambiante, afin de ne pas nous laisser assujettir par elle. Restons concentrés sur l’essentiel : Le Chemin, la Vérité et la Vie : « Arrêtez, et reconnaissez que je suis Dieu » (Psaumes 46:10). Quelle que soit la manière dont nous la vivons, la période du carême nous invite à une vie sobre, avec juste ce dont nous avons besoin. Cette sobriété est à ne surtout pas confondre avec les ruses de l’avarice, ni avec l’idolâtrie de la pauvreté. Si l’abondance nous vient clairement de Dieu, l’excès et les vices de ce monde nous viennent de l’autre côté.

Profitons de ce temps qui nous est offert pour nous questionner, laissons Dieu changer nos habitudes, qui souvent sont influencées par les cultures ambiantes. Par le changement des profondeurs de nos âmes, c’est toute une société qui change. En laissant advenir le Royaume de Dieu en nous, c’est le Royaume de Dieu qui s’établit sur terre. Si notre société tend à marcher sur la tête, c’est en partie parce que nous négligeons de faire entrer sa lumière dans nos placards sombres: « Lobscurité ne peut pas chasser lobscurité; seule la lumière le peut. La haine ne peut pas chasser la haine; lamour seul le peut » Martin Luther King – 13 Novembre 1962.

Sommes-nous prêts à changer notre façon d’aborder le réel ?

Notre quête du “toujours plus” nous fait oublier que le repos est non seulement vital, mais également un commandement qui nous vient de Dieu : « Noublie pas de me réserver le jour du sabbat…Cest pourquoi, moi, le Seigneur, jai béni le jour du sabbat : ce jour est réservé pour moi » (Exode 20:8-11). Il ne faut jamais oublier que faire sabbat consiste à consacrer du temps, dégagé de toute autre préoccupation, pour être intentionnellement en communion avec Dieu.

De la même manière, notons que le carême, temps de préparation à la fête de Pâques qui célèbre la résurrection du Christ, a une durée de quarante jours, sans compter les dimanches. Ce chiffre fait en particulier référence aux quarante années passées au désert par le peuple d’Israël entre sa sortie d’Égypte et son entrée en terre promise; il renvoie aussi aux quarante jours passés par le Christ au désert entre son baptême et le début de son ministère. On comprend bien toute la symbolique qui est derrière ces deux références bibliques: la préparation à de nouveaux commencements. Vivre cette période dans la prière, dans l’écoute de la volonté de Dieu, dans la soumission totale à celle-ci est pour nous salutaire: nous apprenons progressivement à nous satisfaire de ce qu’il nous faut. Avons-nous besoin de “toujours plus” ? Certainement pas, car finalement ce qu’on ajoute vient du malin… Une vie dans le contentement est un cadeau qui nous vient de Dieu.

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