Comment bien vivre son célibat ?
Par Axelle
Bien vivre son célibat représente un défi depuis le début de l’histoire de l’humanité. Un des passages bibliques traitant le sujet avec le plus de détails est le chapitre 7 de la première lettre aux Corinthiens. Sans doute à la surprise générale de ses contemporains, l’apôtre Paul redonne de la valeur au statut du célibat. Pour autant, il reconnaît les enjeux que cela représente et la question est tellement sensible qu’il prend le temps de préciser, à plusieurs reprises, quand il partage sa propre opinion, et non pas des instructions divines. Voyons ce que l’expérience de Paul et, plus généralement, la Parole de Dieu qui traduit Sa bonté, peut nous enseigner pour bien vivre le célibat, qu’il soit temporaire ou permanent
Bien vivre son célibat en valorisant toutes les relations que Dieu nous a données
En lisant Genèse 2 : 18 “Il n’est pas bon que l’homme soit seul”, nous constatons que, bien que Dieu nous commande de l’aimer de tout notre cœur et de toute notre pensée, Il comprend aussi notre besoin d’être entouré d’autres êtres humains. Dans plusieurs autres passages, Il nous appelle d’ailleurs à nous aimer les uns les autres. Or, se marier n’est pas le seul moyen de combler ce besoin. Au cours de notre vie, Dieu peut nous donner quantité de relations nous permettant de ne pas être seul : notre famille biologique, nos amis, nos collègues, notre communauté de frères et sœurs en Christ.
En ce sens, bien vivre son célibat c’est d’abord bien vivre les relations que l’on a déjà, les valoriser et les apprécier. Ce que cela signifie concrètement : dans toutes les situations où vous ressentez le manque d’un partenaire de vie (les repas à la maison, les vacances, faire des courses…), demandez à Dieu si des personnes dans votre entourage seraient susceptibles de partager ces temps avec vous.
J’ai personnellement expérimenté la fidélité de Dieu sur ce sujet quand je lui ai demandé du renfort pour aller récupérer des meubles achetés sur Le Bon coin ou même dans des temps de maladie.
La relation amoureuse est unique et toutes les interactions qu’elle permet ne peuvent pas nécessairement être remplacées par une autre forme de relation. Mais ce dont l’humain a besoin, avant tout, c’est d’interactions sociales.
Nous pouvons d’ailleurs nous inspirer des personnages bibliques qui étaient célibataires et pas moins épanouis que leurs condisciples mariés. Pour ne citer qu’eux : Jésus, Anne la prophétesse, Paul, Timothée, Jérémie, Daniel…
Nous sommes appelés à imiter Christ, Jésus était lui-même très entouré et prend le temps de rappeler à ses disciples qu’il les considère comme des amis (Jean 15:15). Même Jésus avait besoin d’appartenir à une communauté et, de personnes auprès desquelles il pouvait être vulnérable (cf l’épisode du jardin de Gethsémané).
Sans compter qu’on peut aussi être une bénédiction pour les autres, avoir des attentions pour ses amis, leur manifester de l’affection, sans intention romantique.
Si vous estimez ne pas déjà avoir des relations de qualité autour de vous, vous pouvez prier pour demander un bon entourage. À une certaine période de ma vie, j’ai fait cette prière. Dieu a pourvu au-delà de mes attentes, non seulement en me permettant de rencontrer de nouvelles personnes mais également en me conduisant à valoriser et rééquilibrer certaines relations que j’avais déjà.
Bien vivre son célibat en acceptant de mal le vivre de temps en temps
Dans le cas où l’on espère se marier, le célibat peut être vécu comme une longue saison d’attente. Je vous propose de changer de perspective.
Dans l’Occident du 21ème siècle, le célibat est un choix dans la plupart des cas. Sous la même latitude, il fut un temps où le mariage était une évidence : on n’attendait pas la personne dont on tomberait amoureux. On voyait le mariage comme une alliance patrimoniale entre deux familles, nécessaire pour survivre, à l’échelle individuelle, communautaire et même sociétale. Aujourd’hui, nous jouissons d’une bien plus grande liberté, ce que je considère comme une bonne chose. Nous sommes libres de choisir la forme de vie sociale qui nous apporte le plus d’épanouissement : faire un mariage de convenance avec une personne qui ne nous plaît pas plus que cela ou rester célibataire. Je ne considère pas mon célibat comme subi, je choisis activement ce statut, je choisis mon célibat plutôt qu’une relation qui ne m’apporterait pas tout l’épanouissement que j’ai décidé d’attendre de la vie. Et je crois que Dieu honore ce choix.
Ceci étant dit, exercer sa liberté entraîne parfois des souffrances. Au même titre que vivre pleinement sa foi peut nous conduire à vivre des épreuves et des combats, vivre selon ses convictions en ce qui concerne les relations amoureuses peut aussi causer de l’affliction. Le personnage du “célibatant”, indépendant, ne ressentant jamais de solitude est un mythe et ce, même dans le cas des personnes qui ne souhaitent pas du tout de se marier.
À l’instar de la vie maritale, la vie de célibataire comprend des hauts et des bas, des avantages et des inconvénients, des occasions d’être triste et des occasions de se réjouir. L’accepter, sans culpabiliser, permet à l’Esprit de consolation de venir nous réconforter dans les moments plus difficiles. Le Saint-Esprit est également un allié précieux pour nous aider à prier dans ces moments-là : il y a des temps où il sera nécessaire de prendre autorité pour refuser la tristesse, voire les pensées dépressives liées à cette situation; d’autres temps où Il nous conduira à appeler un ami et nous confier.
Toujours dans son épître aux Corinthiens (1 Corinthiens 7:7), l’apôtre Paul laisse entendre que bien vivre son célibat est un don de Dieu, d’où l’importance cruciale de se confier et s’attendre à Dieu dans la prière. Que ce soit pour une saison, ou pour toute une vie, la paix de Dieu est disponible pour le célibataire également.
Enfin, la douleur liée à la situation de célibat peut parfois venir de la pression de notre entourage : des parents qui souhaiteraient déjà nous voir marier; des tantes qui se moquent de notre célibat à l’occasion de chaque mariage dans la famille ; des amis qui nous reprochent d’être trop exigeants… Dans ces cas, il peut être judicieux de prendre autorité et de refuser cette pression, ce fardeau. Communiquer clairement avec nos proches sur ce sujet, sur ce que l’on ne souhaite plus entendre est une alternative.
Comment gérer ses différents désirs?
En tant que célibataires chrétiens, nous pouvons parfois être confrontés à des désirs qui ne pourront pas être comblés tant que cette situation perdurera : le désir d’enfant, le désir de se projeter et planifier une vie à deux, le désir de tendresse. Mais, le désir sur lequel nous allons nous attarder est le plus brûlant : le désir sexuel.
Reprenons la lettre de Paul aux Corinthiens : “Mais s’ils ne peuvent pas se maîtriser, qu’ils se marient, car il vaut mieux se marier que de brûler de désir.” (1 Corinthiens 7:9). Appréciant son célibat, Paul reconnaît lui-même qu’il est normal d’avoir des désirs sexuels et fait preuve d’empathie à l’égard de ceux qui y sont confrontés (c’est-à-dire, la majorité des êtres humains).
En tant que chrétiens, comment gérer ses désirs sexuels ? Pour commencer : faire de Dieu notre confident même sur les sujets les plus intimes, il sait déjà ce que l’on traverse. Il nous a conçu, a Lui-même vécu dans un corps humain (cf Hébreux 4:15) et connaît toutes les pensées de notre âme. Quand ce désir est tellement fort qu’il en devient un fardeau (au point d’avoir la sensation de brûler!), crier à Dieu est la première et meilleure solution. Le désir sexuel est une sensation qui vient et qui passe. Comme Il peut nous donner la paix au milieu d’une tempête, Dieu peut venir nous soulager de cette sensation.
Aussi, nous vivons dans une société hyper sexualisée : musique, films, séries, livres… Être stimulé en permanence n’aide vraiment pas quand on souhaite soi-même s’abstenir. Il peut s’avérer judicieux d’être vigilant concernant ce à quoi on expose nos yeux et nos oreilles.
Enfin, sans rentrer dans les détails scientifiques, le désir sexuel est également une réaction physique qui produit une sensation de manque, le cerveau réclame sa dose de plaisir. À nouveau, la sagesse recommande de demander à Dieu l’inspiration pour combler ce manque de manière saine : une séance de sport, sortir avec des amis, écouter de la musique, réaliser une bonne action et bénir quelqu’un.
Après la prière, place à l’action?
Prier et s’attendre à Dieu est un excellent commencement. Être disponible et à l’écoute pour agir selon les instructions du Saint-Esprit est une suite avisée. Il se peut que le Seigneur nous recommande de ne poser aucune action pour provoquer une rencontre.
Il se peut aussi que le Saint-Esprit nous recommande d’être intentionnel en ce sens. Quand on lit la Bible, on s’aperçoit que la notion “d’attendre sagement le temps de Dieu” en ce qui concerne le mariage n’est pas très présente. Au contraire : Isaac rencontre Rebecca car son père, Abraham, a envoyé son serviteur à la recherche d’une épouse pour son fils ; dans le passage cité plus haut de la lettre aux Corinthiens, Paul semble sous-entendre que se marier est une décision que l’on prend avant même de rencontrer son futur conjoint, du fait qu’on se sente incapable physiquement de s’en passer (1 Corinthiens 7:9).
S’inscrire sur un site de rencontre, participer à des speed-dating, multiplier les sorties et les occasions de rencontrer de nouvelles personnes ne représentent pas une garantie de se marier mais ce sont assurément des actions qui en augmentent les probabilités. Il peut être pertinent de demander à Dieu si l’une de ces options peut nous convenir et, le cas échéant, les mettre en œuvre sans se mettre une trop grande pression…