Comment laisser plus de place à Dieu dans notre famille ?
Par Marie-Laure
La famille, voilà un projet qui, se dit-on, plaît forcément à Dieu. La famille est même facilement présentée comme une valeur, une valeur bien chrétienne, souvent au détriment d’autres façons de vivre en chrétien, en couple ou célibataire.
La famille est certainement une bénédiction. Mais la vie de famille nous met à l’épreuve. Il suffit d’ouvrir les journaux – et la Bible ! – pour voir qu’elle n’est pas qu’un lieu d’amour. Elle est aussi un lieu de péchés. Loin des extrêmes, la routine, la fatigue et les sentiments forts qui y règnent – l’amour, l’adoration peut-être, les insécurités personnelles, les jalousies fraternelles – peuvent venir pervertir la vie de famille et mettre Dieu hors-jeu.
Faire plus de la place à Dieu dans notre famille c’est peut-être d’abord lui donner sa place. Celle de Père. Celui qui pourvoie, pour retrouver de la gratitude. Celui qui nous aide, pour faire appel à lui. Celui qui remet entre nous la bonne distance et nous permet de mieux nous voir, de mieux nous considérer. Enfin, celui que nous servons, en tant que membre d’une seule famille, le corps du Christ, et comme enfants bien aimés de Dieu.
1. Savoir dire sa gratitude et son amour : merci Seigneur !
Bien des versets bibliques viennent nous rappeler que la constitution d’une famille répond au projet de Dieu pour certains d’entre nous. Un mariage n’est-il pas la réalisation du verset « L’homme quittera son père et sa mère pour vivre avec sa femme. Et les deux deviendront comme une seule personne » (Genèse 2 – 24), souvent rappelé dans la Bible, comme dans Ephésiens 5 – 31. Les enfants sont un trésor (Psaumes 127 – 3), leur venue au monde toujours une bénédiction.
En pensant à la rencontre avec son conjoint, l’émotion ressentie lors de la naissance de nos enfants, il est facile de se sentir proche de Dieu, de sentir sa grâce à l’œuvre dans nos vies.
Je me souviens des premiers bains donnés à nos filles. Dans l’immensité de la baignoire, assaillies de vagues gigantesques, sous nos caresses un peu tremblantes, elles pleuraient ; en état de détresse totale devant un bon bain chaud avec serviette éponge à la clé. Puis de sentir la main qui les soutient, se détendre, et prendre l’air béat. Je m’étais dit : c’est donc ainsi que Dieu m’aime ? Il prend soin de moi car je suis petite, il s’attendrit de mes tourments quand je ne comprends pas ce qui se passe et il agit pour mon bien.
Ephésiens 5- 20 « Rendez continuellement grâces pour toutes choses à Dieu le Père, au nom de notre Seigneur Jésus Christ ». Il est bon de se rappeler que notre famille est l’expression de l’amour de Dieu pour nous. Et il faut Lui dire !
Disons notre gratitude. Merci Seigneur pour mon mari, ma femme, nos enfants, mes parents, mon frère, ma sœur.
Souvenons-nous aussi que pour nos proches l’expression de l’amour et la tendresse de Dieu pour eux, passe souvent d’abord par nous. Nous sommes amenés à témoigner de notre foi. C’est difficile d’être de bons témoins. Ne nous privons pas de dire des mots d’amour, donnons toute leur valeur à nos moments de tendresse. Ne nous privons pas de dire « Tu es précieux, tu es un trésor, et je t’aime», comme Dieu sait aussi nous le dire. Esaie 43 – 4 « Tu as du prix à mes yeux et je t’aime ».
2. Vous avez besoin d’appeler un ami ? Appelez Dieu !
De nombreux versets bibliques viennent nous guider dans les rôles que nous jouons dans le cadre familial, en tant que parents, conjoints ou enfants. On peut citer : Ephésiens 5, 21-33 ; Ephésiens 6, 1-4 ; la première lettre aux Corinthiens 7. 3-4 ; la première Lettre à Timothée 5,8. Ils viennent parfois interroger sérieusement notre vision contemporaine de la famille. Pourtant, ils ne sont pas là pour rien ! Sans les commenter en détail – je ne m’y risquerais pas ! – ils nous rappellent que nous sommes confiés les uns aux autres par Dieu, que nous devons prendre soin les uns des autres.
Mais que deviennent ces préceptes face à la routine familiale qui peut nous éprouver, littéralement nous mettre à l’épreuve ? La fatigue, le stress professionnel et scolaire, peuvent faire que ma femme, mon mari, mes enfants, cessent d’être ceux j’aime et auprès desquels je trouvais une reconnaissance rassurante, mais deviennent juste un autre : un autre sous mon toit, qui fait les choses différemment de moi (autant dire pas comme il faut) celui qui ne m’obéit pas, en bref, un autre. Un autre qui m’énerve.
Dans les moments de découragement, on a parfois envie d’appeler un ami ou sa mère. Appelons Dieu plutôt. Il est là pour nous. La Bible nous le rappelle, en Proverbes 14,26 «Reconnaître l’autorité du Seigneur permet de vivre en toute sécurité car il protège ses enfants ».
Devant les difficultés que nous rencontrons à la maison, Éphésiens 5, 18-19 nous rappelle l’importance de ne pas fuir mais de nous encourager les uns les autres y compris par la louange : « Ne vous enivrez pas de vin: c’est de la débauche. Soyez, au contraire, remplis de l’Esprit; entretenez-vous par des psaumes, par des hymnes, et par des cantiques spirituels, chantant et célébrant de tout votre coeur les louanges du Seigneur ». On peut parfois trouver séduisant le recours à la fuite ou à un verre de vin en pleine crise familiale, et franchement ambitieux de prier et chanter des cantiques quand nos enfants crient. Quand même, commençons par ne pas oublier de prier les uns pour les autres.
Éphésiens 5 prend soin de commencer par « Devenez donc les imitateurs de Dieu, comme des enfants bien-aimés ». Faisons donc appel à Dieu « comme ses enfants bien aimés. »
3. En reprenant sa place de Père, Dieu fait de la place.
En faisant appel à Dieu, nous le remettons à sa place, en tant que Père. Dans la deuxième lettre aux Corinthiens, chapitre 6 verset 18, on peut lire : « Je serai pour vous un père, et vous serez pour moi des fils et des filles ». Investis de nos rôles familiaux respectifs, de mari, de mère, d’enfants, nous pouvons avoir tendance à nous mettre à fonctionner en circuit fermé, penser que tout se joue entre nous. Quand Dieu est à sa place, il fait de la place : il se met au travers des tête-à-tête passionnés et autres face à face, ouvre des voies nouvelles.
C’est peut-être aussi ainsi que l’on peut lire Matthieu 10, 35-37 : « Car je suis venu mettre la division entre l’homme et son père, entre la fille et sa mère, entre la belle-fille et sa belle-mère; et l’homme aura pour ennemis les gens de sa maison.Celui qui aime son père ou sa mère plus que moi n’est pas digne de moi, et celui qui aime son fils ou sa fille plus que moi n’est pas digne de moi. » Dieu vient mettre de la distance entre nous, pour devenir lui-même ce lien qui nous permet d’agir les envers les autres en son nom.
Ainsi les enfants doivent obéir à leurs parents « selon le Seigneur ». Ephésiens 6 : 1-4 «Enfants, obéissez à vos parents, selon le Seigneur, car cela est juste. Honore ton père et ta mère afin que tu sois heureux et que tu vives longtemps sur la terre. Et vous, pères, n’irritez pas vos enfants, mais élevez-les en les corrigeant et en les instruisant selon le Seigneur ».
Éphésiens 5 : 29-30 nous met sur la voie du respect des différences, de la complémentarité, de la réciprocité : « Car jamais personne n’a haï sa propre chair mais il la nourrit et en prend soin, comme Christ le fait pour l’Église ; parce que nous sommes membres de son corps ».
Ce qui se joue dans notre famille c’est chacun de nous en relation à Dieu, en tant que membre d’une famille plus grande que la nôtre, le corps du Christ.
4. Puisque nous sommes enfants de Dieu…
Ainsi, quand elle laisse plus de place à Dieu, la famille respire, s’ouvre. Le fait de se concentrer uniquement sur les versets bibliques qui semblent s’adresser spécifiquement à la vie de famille peut entraîner une lecture un peu programmatique, au risque d’occulter d’autres préceptes, au premier chef : le respect, l’amour et le pardon.
Ainsi Éphésiens 4,30-5,2 nous dit : «Frères, n’attristez pas le Saint-Esprit de Dieu, qui vous a marqués de son sceau en vue du jour de votre délivrance. Amertume, irritation, colère, éclats de voix ou insultes, tout cela doit être éliminé de votre vie, ainsi que toute espèce de méchanceté. Soyez entre vous pleins de générosité et de tendresse. Pardonnez-vous les uns aux autres, comme Dieu vous a pardonné dans le Christ. Oui, cherchez à imiter Dieu, puisque vous êtes ses enfants bien-aimés».
Dans l’épître aux Ephésiens, avant les versets 22 à 33 spécifiques au couple, le verset 21 reprend ces versets du chapitre 4 «Puisque vous êtes les enfants que Dieu aime, efforcez-vous d’être comme lui. Que votre façon de vivre soit inspirée par l’amour, comme le Christ aussi vous a aimé et a donné sa vie pour vous ».
Voilà restaurée notre manière d’agir : puisque nous sommes les enfants que Dieu aime, agissons avec amour et tendresse, faisons place au pardon.
L’autre sous mon toit, dans le reste de ma famille, peut redevenir mon prochain. Tu n’es pas le père ou la mère parfaite ? C’est normal, la perfection ne t’appartient pas, pas plus que l’autorité absolue, d’ailleurs. L’enfant désobéissant, c’est moi aussi, devant le Père céleste. Je ne fais pas ce que je devrais faire. J’ai mauvaise conscience. Cela me fait pleurer, crier parfois. J’ai besoin d’être consolé. Quelles sont tes tourments, mon enfant, mon frère, ma sœur ? Comment vas-tu ? Toi, mon mari, ma femme, tu as l’air fatigué. Veux-tu que je te prenne dans mes bras ? Je n’aurais pas dû te dire cette remarque qui tue. Je te demande pardon. Je t’aime.
Puisque nous sommes enfants de Dieu, ne craignons pas d’être nous-mêmes en famille, de dire nos vulnérabilités, nos peurs, nos espoirs. N’ayons pas peur de dire pardon.
5. L’importance du temps de qualité… avec Dieu
Pour bien se regarder les uns les autres, se regarder en face, pour comprendre ce qui nous meut, nous attriste, pour voir l’autre aller bien ou mal, il faut du temps. Le temps de qualité : voilà un sujet récurrent pour une famille moderne. Le temps de qualité avec nos enfants, avec chacun de nos enfants, avec notre conjoint, si possible. Et avec Dieu ? Il est difficile de prendre du temps juste pour Dieu, en prière. Continuons de prendre du temps avec Dieu chaque fois que cela est possible et reconnaissons aussi quand Dieu est là, avec nous, en famille.
Mon mari et moi avons chacun besoin de passer du temps seuls. Surtout depuis que nous avons des enfants. Je vois maintenant ces temps comme du temps passé avec Dieu. J’aime voir mon mari revenir d’un grand tour de vélo. Il a été « dans ses pensées ». Il a eu du temps pour prier. Il est toujours heureux quand il revient. Je reçois un grand « hug » irlandais un peu odorant. Je me dis que pendant leurs siestes, leurs temps calmes, au creux du lit, mes enfants sont aussi « dans leurs pensées » et j’espère avec Dieu.
Prendre du temps avec Dieu, c’est parfois prendre le temps de ne pas faire grand-chose, en famille aussi pour l’entendre, le voir, lui parler. Les moments de bonheur familiaux, les promenades, la beauté de la nature, des peintures, de la ville, la beauté partout enfin mais vue ensemble peuvent nous ramener en famille à ces mouvements spontanés de gratitude.
Nos weekends sont marqués par deux temps forts en famille. Celui de la piscine du samedi et celui du culte le dimanche. Nageuse fervente, je me suis demandé à quoi tenait mon attachement inconditionnel à la sortie… à la piscine. Je crois que c’est parce qu’à la piscine, nous sommes tous dans le même bain. Tous ensemble à faire la même chose, à s’ébattre, jouer, nager. C’est un peu comme la vie en famille : on se donne le temps de flotter un peu, dans le même bain immense qu’est la vie. Et on sent une main qui nous soutient : la main de Dieu. Amen !