Entreprendre un projet pour Dieu : un espace de conversion

Témoignage d’Estienne à propos d’Epiclèse.

“Tout est vanité” nous dit le sage dans le livre de l’Ecclésiaste. “Tout est accompli” nous dit le Christ sur la croix…

Alors pourquoi entreprendre un projet pour Dieu si tout est vain et déjà fait ? Qu’il soit grand ou tout petit, je crois qu’un projet pour Dieu n’est jamais sans conséquence : c’est un processus de transformation. En menant à bien le projet de louange Épiclèse, je suis à présent convaincu que les projets que Dieu nous met à cœur sont plus qu’une simple ligne tendue vers un résultat : ce sont des espaces de conversion. 

Épiclèse est un projet qui est né au départ d’une simple discussion. Avec Tanya – à l’époque responsable de la louange au Marais -, nous rêvions de mettre au goût du jour de vieux cantiques dont les textes nous ont beaucoup portés dans la louange. Nous avions aussi envie de composer des chants pour enrichir notre répertoire, notamment des chants conjugués en “nous”. Par ailleurs, il arrivait souvent qu’on nous demande à la fin du culte si un enregistrement était disponible de certains chants qui n’existaient que dans le répertoire de la paroisse du Marais. Une conviction s’est alors dessinée : faire appel aux personnes impliquées dans le ministère de louange au Marais pour réaliser un album.

Notre projet avec Dieu vs. le projet de Dieu avec nous.

Au départ, envisager de faire un album avec des personnes qui n’ont pas forcément d’expérience en la matière a été un peu déroutant. Normalement, quand on veut faire un bon album, on réunit des experts dans un style musical défini, on passe du temps en studio et hop, on tient un petit ensemble de hits. Nous aurions pu appeler les meilleurs musiciens, aller dans le meilleur studio de Paris, faire les meilleures prises de son avec les meilleurs artifices pour un meilleur résultat. Et nous aurions pu demander à Dieu de bénir ce meilleur projet. Sauf que cette méthode revient plutôt à demander à Dieu de bénir notre projet plutôt que de faire le sien.

Un projet du Seigneur ce n’est pas un projet qui ressemble à un idéal mais un projet qui ressemble aux personnes qui le portent. L’objectif final, ce n’est pas que le résultat soit parfait mais que les personnes impliquées ressemblent un peu plus à Christ. Mais souvent il y a une résistance en nous pour que ce projet-là s’accomplisse : notre ego.

Un projet dramatique pour notre ego

Lorsqu’un projet démarre, on est généralement tout feu tout flamme, gorgés de rêves, d’ambitions et d’attentes. Pour Epiclèse, je rêvais d’un album de louange qui sonne comme le dernier Radiohead et qui allait, en gros, révolutionner la louange francophone. Du coup, au départ, je cherchais à “bien faire”, être à la hauteur de mes pairs et chercher à coller à l’esthétique que je voulais. Sauf que le projet du Seigneur n’avait pas grand chose à voir avec mes délires. Il voulait un travail en équipe qui impliquait donc de décentrer mes attentes et mes ambitions pour construire un projet à plusieurs. Et c’est précisément ça qui plaisait à Dieu, me voir abandonner mes présupposés pour me concentrer sur lui. Un vrai combat pour moi dont Christ est sorti victorieux. Il m’a permis d’apprendre à faire pleinement confiance aux personnes qui m’entourent et saisir à quel point la sécurité du Seigneur est puissante : pas besoin d’être parfait, c’est Christ qui justifie, qui dit si c’est bien ou mal, bon ou pas bon, intéressant ou non.

Faire mon job, pas celui du Seigneur.

Dieu nous appelle-t-il dans un projet pour sauver le monde ? C’est ce que je voudrais croire pour bomber un peu le torse. En réalité, Christ a déjà fait le boulot à la croix. 

Dans ses projets, le Seigneur nous invite à aiguiser perpétuellement notre sens du service. Ce n’est pas moi et mes ambitions que je sers, c’est Dieu. Dans cette démarche, Dieu nous invite à nous concentrer sur notre part du boulot et ne plus se préoccuper de sa part. 

Le Psaume 127 m’éclaire à ce sujet : “Si le Seigneur ne construit pas la maison, les maçons travaillent pour rien ! Si le Seigneur ne garde pas la ville, le gardien la garde pour rien ! Pour rien, vous vous levez très tôt, pour rien, vous vous couchez très tard, et pour rien, vous vous fatiguez à gagner votre nourriture. Le Seigneur en donne autant à son ami très cher pendant qu’il dort.”

Ainsi, Dieu nous libère d’une pression qui n’a pas à être sur nos épaules. Je n’ai plus à me préoccuper des finances car “le Seigneur est mon berger, je ne manque de rien” (Ps, 23), je n’ai plus à me préoccuper de l’approbation des autres ou d’être à la hauteur car le Seigneur dit “ma grâce te suffit ! Ma puissance s’accomplit au sein de la faiblesse.” (2 Co 12:7-10)…  

Soyons rassurés, Dieu agit en notre faveur : il nous garde et renouvelle nos forces. 

Gloire à Dieu

Au cours du processus de réalisation de cet album Epiclèse, j’ai pu distinguer deux voies bien distinctes : 

-la quête de victoires personnelles qui nous mène à une satisfaction centrée sur nous-même. Je me suis rendu compte qu’elle était faillible et menait à la frustration.

-la recherche de victoires pour le Royaume de Dieu qui nous conduisent à la louange. 

Lorsqu’on change ses objectifs pour passer de l’égo au Royaume, il s’agit d’une conversion. Et je crois que c’est ce que le Seigneur m’a fait vivre avec ce projet.

Aujourd’hui, je m’associe d’une façon nouvelle au Psaume 84 :

-Mieux vaut vivre dans la présence de Dieu plutôt qu’ailleurs. (v.1 et 11)

-Celui qui va vers le Seigneur gagne des forces à mesure qu’il avance (v.8)

-”Seigneur de l’univers, heureux celui qui a confiance en toi” (v13)

Finalement, tout projet pour Dieu mène à la louange. 

Prière

Père, dans nos projets, que notre entreprise révèle que tu es saint. Nous te reconnaissons comme roi : que ton autorité se déploie et que ta volonté se réalise. Nous dépendons de toi matériellement et spirituellement. Nous te demandons pardon car souvent, nous considérons que Dieu, c’est nous. Nous voulons aussi pardonner les personnes qui nous ont maudit dans notre volonté à entreprendre pour toi. Ne nous laisse pas céder aux tactiques de ton ennemi qui veut nous faire croire que nous ne sommes pas les bonnes personnes pour faire advenir ton Royaume. Brise nos chaines, fait tomber nos œillères. Oui, Dieu trois fois saint, nous te louons : que toute la gloire te revienne aujourd’hui et pour toujours. Amen.

Pour en savoir plus sur la louange au Temple du Marais, cliquez ici.