Aretha Franklin : une chrétienne dans le star system

Par Claude

Aretha Franklin : enfance escamotée, vie cahotique, princesse du gospel devenue reine de la soul, soutien indéfectible au mouvement pour les droits civiques… Esquisse d’un portrait à la lumière de 5 versets bibliques.

1. « Oui, l’Eternel est grand et digne de recevoir toute louange »

Aretha (dont le prénom vient du mot grec signifiant “vertu”) grandit dans une église baptiste de Detroit. Son père, Clarence LaVaughn Franklin, est un pasteur afro-américain célèbre : les disques réunissant ses sermons se vendent dans tout le pays. Le révérend Franklin considère que la musique vient de Dieu, qu’elle soit jouée par un artiste chrétien ou non ; il fréquente les clubs de jazz et accueille le dimanche matin dans son église les musiciens à peine sortis des clubs. 

Aretha a comme “langue maternelle” le gospel (dont il faut se rappeler qu’il signifie “évangile”), mais, à l’image de son père, elle n’aura pas de mal – contrairement à de nombreux chanteurs chrétiens – à franchir la frontière séparant le gospel du blues-jazzy.

2. « Mais là où le péché s’est multiplié, la grâce a surabondé »

Aretha Franklin a six ans lorsque sa mère quitte la maison et part loin de Detroit, à la suite des infidélités conjugales de son père… Une mère qui décède lorsque Aretha a dix ans. 

Prédicateur très recherché, le révérend Franklin fait des tournées estivales ; lorsque Aretha a douze ans, il l’emmène pour la première fois avec lui. Jeune adolescente, elle vit au milieu d’adultes. Elle donne naissance à son premier enfant à l’âge de treize ans, au second à quinze ans, les enfants étant confiés à sa grand-mère. 

A dix-neuf ans, Aretha épouse celui qui va devenir son manager. Un mariage toxique avec un mari brutal, le rythme effréné des enregistrements, ainsi que la mécanique inexorable du star-system, vont conduire la chanteuse à une dangereuse surconsommation d’alcool dont elle parviendra à se défaire après plusieurs années.

3. « Que votre parole soit toujours pleine de grâce et assaisonnée de sel »

Dans son chant, dans sa diction, Aretha Franklin est bien l’héritière de son père, devenu une référence dans le sermon chanté. Le père et la fille appliquent la même règle de construction respectivement à la prédication et au chant : “commencer bas, continuer lentement, grimper, prendre feu”.

Sa singularité et son succès dans la soul et dans la pop, Aretha les doit incontestablement à son impressionnante maîtrise du gospel.

4. « Je suis l’Eternel, ton Dieu, qui t’ai fait sortir d’Egypte, de la maison d’esclavage »

En dépit de sa carrière de star, Aretha ne perdra jamais de vue son souci de la justice sociale ni son engagement en faveur du mouvement pour les droits civiques. Ainsi, elle répond toujours favorablement, quand Martin Luther King (vieil ami du révérend Franklin) lui demande de participer à un rassemblement.

Et puis, quand Aretha, en 1967, reprend la chanson “Respect” d’Otis Redding, elle en fait un hymne combatif, qui sera repris pour la cause des Noirs, pour le mouvement féministe, pour les homosexuels et par tous les groupes qui se sentent opprimés.

5. « Tu aimeras l’Eternel, ton Dieu, de tout ton coeur, de toute ton âme et de toute ta force »

Et Dieu dans tout ça ? Il est auprès d’elle, bien sûr. Aretha tient sa persévérance et sa résilience de sa foi, la foi d’une femme tellement humaine, avec ses faiblesses, ses compromis, ses péchés. La foi d’une femme qui s’adresse à son Seigneur, dans ses chants, dans ses prières.

Aretha ne doute pas de ce que Dieu peut faire pour elle. Ainsi, lorsqu’elle remporte une bataille dans sa longue lutte contre le cancer, elle dit à l’un de ses amis : « les médecins ne connaissent pas la guérison par la foi »… A quoi l’ami répond : « Bien sûr, ils ne savent pas qui est ton guérisseur ! ».

Il n’est pas anodin que l’album qui marque, en 1972, le retour d’Aretha au gospel s’intitule “Amazing Grace”, car la présence de la grâce est précisément “amazing” dans sa vie, autrement dit : étonnante, incroyable, confondante.

Le parcours de vie et le parcours de foi d’Aretha se trouvent magistralement condensés dans les paroles de sa chanson “Surely God is Able” : « Comme pèlerins, nous voyageons quelquefois, souvent nous ne savons pas de quel côté aller, mais il y en a un qui connaît le chemin ».

Somme toute, le parcours d’Aretha est un parcours familier, un parcours ordinaire, celui d’une chrétienne qui avance parmi les incertitudes et les angoisses de ce monde, mais dans la certitude de l’amour infini de son Seigneur et Sauveur.

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Pour aller plus loin, un livre :  “SISTER SOUL. Aretha Franklin, sa voix, sa foi, ses combats” (Jean-Luc Gadreau, éditions Ampelos) et l’album phare : “AMAZING GRACE”, dont l’enregistrement a fait l’objet d’un documentaire de Sydney Pollack et Alan Eliott.

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