Jean-Sébastien Bach : comment allier foi et musique ?

Par Claude

Jean-Sébastien Bach est connu comme un leader de la musique mais c’est aussi un leader de la foi.

Ses portraits nous présentent un monsieur portant perruque, à l’air sérieux, voire austère. L’éducation musicale des enfants débute souvent avec certaines de ses pièces ; cependant, les instrumentistes professionnels le regardent comme l’un des musiciens les plus difficiles à interpréter. Il est considéré comme le compositeur le plus important dans la musique occidentale mais étonnamment, à la différence des autres musiciens célèbres, il n’entretient pas un rapport “égotiste” à son œuvre. Pour élucider ces singularités, cherchons des clefs dans la vie de Jean-Sébastien Bach.

Filiation luthérienne. Le siècle et demi séparant la mort de Luther de la naissance de Bach occulte la proximité entre les deux hommes. Eisenach, où naît Bach, est surplombée par le château de la Wartburg (où Luther traduisit le Nouveau Testament) ; Bach est baptisé dans l’église où Luther prêcha à son retour de Worms ; dans le même choeur d’église où Luther chanta avant lui, Bach enfant chante… des chorales de Luther.

En outre, le jeune Bach reçoit une éducation luthérienne, principalement basée sur la musique (dont Luther disait : « elle chante et danse jour et nuit, jamais lasse de chanter Sa louange ») et sur la théologie (dont Melanchthon affirmait que, si elle « n’est pas le commencement, le milieu et la fin de la vie, nous cessons d’être des hommes pour retourner à l’état animal »).

JJ. Ces initiales, Bach les inscrit au début de ses partitions. JJ, “Jesu juva”, c’est-à-dire “Jésus, aide-moi”. Qu’il écrive pour une cour princière ou pour l’église, Bach commence par solliciter l’aide de Christ.

Par delà cette mention liminaire, la référence à Christ est essentielle : Bach compose au pied de la Croix. Ici encore, Luther n’est pas loin, qui écrivait : « Toutes les Ecritures nous montrent le Christ ».

Bible. Les Ecritures, Bach les lit, les relit, les étudie. Musicien, Bach est aussi bibliste. Ainsi, dans le Petit livre d’orgue, la Chute d’Adam est figurée par des septièmes descendantes donnant la sensation de tomber dans l’abîme.

Dans les cantates et les passions, les textes écrits par des pasteurs ou des poètes alternent avec des versets bibliques. Les parties non bibliques donnent lieu à un  riche accompagnement instrumental ou choral. Par contre, Bach traite le texte biblique en récitatif, avec un accompagnement minimal, en accord avec l’impératif luthérien du “Singen und Sagen” (chanter et dire) : rien ne doit faire obstacle à l’intelligibilité de la Parole de Dieu.

Kantor. Pendant les 27 dernières années de sa vie, Bach exerce à Leipzig les fonctions de Kantor… ce qui est loin d’être un emploi à temps partiel ! Théologien, bibliste, chef d’orchestre, chef de choeur, pédagogue, le Kantor est aussi le gardien d’un patrimoine hymnologique multiséculaire. Auprès du pasteur, il participe à l’organisation du culte, afin de relier la musique à la prédication.

Pour le service dominical, Bach compose des cantates, des œuvres “à chanter”, dont le chœur final est chanté par les fidèles, conformément à la vision luthérienne du “chant d’assemblée”.

Foi. D’une lettre adressée par Bach au bourgmestre de Mühlhausen en 1708, deux expressions ressortent qui résument bien la foi de ce grand croyant : “faire honneur à Dieu” (ce qui fait écho à la première intention du Notre Père) et “servir avec joie”.

Chez Bach, la joie du chrétien recevant la Bonne Nouvelle est indissociable de l’obéissance à Dieu : « Seigneur, dispose de moi selon ta volonté » (titre et 1er vers de la cantate BWV 73).

Musique de Dieu. Dans son exemplaire de la « Bible allemande » de Calovius, Bach a porté des annotations, dont celle-ci : « Dans la musique religieuse, Dieu est toujours présent avec sa grâce ». Bach, musicien et chrétien luthérien, l’atteste : l’amour de Dieu est premier et ne se marchande pas.

Toujours dans son exemplaire de la « Bible allemande » de Calovius, en regard d’un commentaire sur l’organisation du culte par David dans 1Chroniques 28:21, Bach a noté : « Une preuve magnifique qu’à côté d’autres dispositions du service divin, la musique a été établie à travers David par l’Esprit de Dieu ».

Bach croit en l’Esprit saint, qui inspire tous les intervenants de l’office divin, officiants, assemblées, mais aussi compositeurs et interprètes.

L’Esprit saint étant la source, l’homme Bach peut s’effacer et signer ses partitions : SDG, “Soli Deo Gloria” “A Dieu seul la Gloire”.

* Pour aller plus loin, deux livres écrits par des chefs d’orchestre familiers de Bach :

Musique au château du ciel : Un portrait de Jean-Sébastien Bach de John Eliot Gardiner,

Le dialogue musical. Monteverdi, Bach et Mozart de Nikolaus Harnoncourt.

En savoir plus sur la louange au Temple du Marais.

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