Que dit la Bible de la richesse ?
Par Etienne
La question de l’argent, et singulièrement de la richesse, est un sujet important dans les conversations autour de nous, dans les motivations de nos cœurs, dans les discours des « influenceurs », dans nos jeux de société (ce vieux Monopoly !), dans nos débats, dans nos cultes (comment les offrandes seront introduites cette fois-ci ?) … et dans la Bible !
Personne ne se sent riche, ou presque, et tout le monde veut le devenir, ou presque. On apprenait aux enfants, autrefois, que l’argent ne fait pas le bonheur, mais nous mesurons tous qu’il y contribue fortement.
Les Ecritures parlent beaucoup de la richesse, c’est un sujet abondement traité, dans la Première Alliance comme dans la Nouvelle. Essayons de résumer la position biblique.
1. L’Ancien Testament nous met en garde
L’Ancien Testament nous présente d’abord une liste de héros de la foi dont, justement, la foi semble être récompensée par une véritable richesse matérielle (Abraham, Isaac, Jacob, Joseph, Job, David…).
Puis arrive le contre-exemple parfait, Salomon. Salomon demande à Dieu la sagesse et non la richesse, Dieu lui donne sagesse et richesse. Salomon n’a pas la sagesse de se méfier de sa richesse et sa richesse l’emmène loin de Dieu. Voilà pour la mise en garde.
La suite du texte biblique va dans la même direction. Alors que les lois sociales que Dieu avait données à Israël et qui devaient empêcher l’apparition de trop riches et de trop pauvres (en particulier le jubilé Dt 15 et Lv 25) ne sont pas appliquées, de nombreux prophètes vont appeler à plus de justice sociale. Ils font même le lien entre l’enrichissement de certains et l’intervention de Dieu contre son peuple.
L’Ancien Testament commence avec des personnages essentiellement riches, mais, comme Moïse l’a annoncé dans son discours (Dt 32), l’infidélité d’Israël a fait que Dieu s’est retiré de lui (il n’est pas dans le deuxième temple). A travers l’épreuve (invasion, famine et exil), une perspective nouvelle apparaît alors, celle de l’humilité et du dépouillement (Es 66.1-2; Soph 3.12). Le « bon pauvre » devient l’exemple du croyant fidèle.
2. Le Nouveau Testament interroge le cœur
Jésus utilise souvent « l’homme riche » dans ses paraboles comme une figure de ceux qui ne s’attachent qu’aux biens matériels. Pourquoi ? Pour Jésus, c’est une question de priorité, de cœur :
« Ne vous amassez pas des trésors sur la terre, où les mites et la rouille détruisent et les cambrioleurs forcent les serrures pour voler. Amassez-vous plutôt des trésors dans le ciel, où il n’y a ni mite ni rouille pour détruire, ni cambrioleurs pour forcer les serrures et voler. Car ton cœur sera toujours là où est ton trésor. » Mt 6.19-23
Une version ancienne du fameux « Les choses que tu possèdes finissent toujours par te posséder. ».
Il y a aussi cette rencontre entre Jésus et « le jeune homme riche » (Mc 10.17). Cet homme obéit à toute la loi, mais, quand Jésus lui demande de donner sa fortune, il s’en va, tout triste. Son cœur est prisonnier de ses richesses.
Luc 16.13 : « Aucun serviteur ne peut servir deux maîtres : ou bien il haïra l’un et aimera l’autre ; ou bien il s’attachera à l’un et méprisera l’autre. Vous ne pouvez pas servir Dieu et l’argent. » L’argent est mauvais quand on le sert. Et Jésus n’hésite pas à désigner l’argent comme une idole, en employant le nom de “Mamôn”, afin de montrer qu’il y a un combat spirituel à mener contre cette divinité dans nos vies.
Essentiellement, pour le Nouveau Testament, la richesse est un mirage, elle fausse notre vision du monde, la vision du riche et la vision qu’on a du riche. « Mais les personnes qui veulent s’enrichir tombent dans la tentation ; elles sont prises au piège par de nombreux désirs insensés et dangereux qui plongent les autres dans la ruine et provoquent leur perte. Car l’amour de l’argent est la racine de tous les malheurs. Certains ont eu une telle envie d’en posséder qu’ils se sont égarés loin de la foi, et ils se sont infligé bien des tourments. » 1Tim 6.9-10
C’est pour cela que les auteurs du Nouveau Testament sont parfois si durs avec les riches (Jacques en particulier, mais aussi Paul). Notre Dieu est un Dieu de Vérité, pas de faux semblant.
3. Je fais quoi, alors ?
La Bible nous met en garde contre le pouvoir mauvais de la richesse… mais elle ne nous demande pas (pas à tous en tout cas) de devenir franciscains ou amish… En fait, elle offre deux grâces extraordinaires pour nous protéger de Mamon, l’Argent-idole.
La première, c’est le don. Tout simplement. Donner, avec joie et simplicité de cœur, c’est à la fois montrer qu’on est libre de l’argent et le remettre à sa place, un simple objet, une grâce de Dieu qui peut être distribuée. Et s’il arrive que je devienne plus riche, que ça puisse être l’occasion de donner plus ! (Gal 6.9-10)
La deuxième, c’est le contentement. C’est Dieu qui nous donne. Nous ne méritons rien, Dieu donne et nous pouvons être heureux de ce que nous avons. (1Tim 6.6-8)
Pour conclure, je vous propose cette belle prière des proverbes (Prov 30. 8-9) : « Éloigne de moi la vanité et la parole mensongère ; Ne me donne ni pauvreté, ni richesse, Accorde-moi le pain qui m’est nécessaire, de peur qu’étant rassasié, je ne te renie et ne dise : Qui est l’Éternel ? Ou qu’étant dans la pauvreté, je ne commette un vol et ne porte atteinte au nom de mon Dieu. »