Qu’est-ce que le baptême chez les protestants ?

Par Claude

Rituel de purification dans le judaïsme, la plongée dans l’eau devient, dans le christianisme, communion à la vie et à la mort de Jésus. Mais, au fait, quelle est la signification du baptême protestant ?

Les « baptêmes » multiples, avant LE baptême chrétien

Etymologiquement, « baptême » vient du grec « baptizein », qui signifie immerger, plonger. Dans Lévitique et dans Nombres, on trouve un certain nombre de rites de purification par l’eau. Plonger dans l’eau, c’est aussi ce que Naaman, instruit par Elisée, pratique à sept reprises dans le Jourdain, afin de guérir de sa lèpre (2Rois 5 :14). En plus de leur finalité purificatrice, les bains rituels ont pu avoir également un objectif de régénération spirituelle et morale. Jusqu’au Nouveau Testament, les « baptêmes » sont donc des actes répétitifs, réguliers, parfois quotidiens, et que le « baptisé » pratique sur lui-même. 

La prédication de Jean-Baptiste s’accompagne d’un renversement complet du sens du baptême : celui-ci est désormais reçu d’un autre que soi, une seule fois, en repentance pour le pardon des péchés (Marc 1 :4-5).

Jésus ayant entamé son ministère en recevant le baptême (Matthieu 3 :13-17) et l’ayant terminé en commandant aux disciples de baptiser toutes les nations (Matthieu 28 :19), la pratique du baptême est devenue centrale pour les chrétiens.

Le baptême, un sacrement

Les églises protestantes ne reconnaissent que deux sacrements : le baptême et la cène (communion).

Dans la lignée de Saint Augustin, les protestants considèrent les sacrements comme les signes visibles de la grâce invisible. Autrement dit, les sacrements ne confèrent pas la grâce, ils signifient qu’elle est déjà offerte par Dieu.

Rappel de l’alliance entre Dieu et les hommes, le baptême protestant n’est que le signe de la grâce sur laquelle cette alliance est fondée – alors que, pour les catholiques, le baptême est un rite opératoire, qui confère la grâce au baptisé (par suite, le baptême des tout-petits, qui revêt un caractère d’urgence chez les catholiques, n’est pas un sujet pour les protestants).

Dans le protestantisme, certaines traditions, qui mettent l’accent sur le don de la grâce, peuvent pratiquer le baptême des enfants, tandis que d’autres, qui insistent sur l’engagement personnel, réservent le baptême aux adultes.

Que ce soit par aspersion, par effusion ou par immersion, le sacrement du baptême fait toujours intervenir l’eau, dont la double symbolique de mort et de vie manifeste la communion du baptisé à la mort et à la résurrection de Christ (Romains 6 :5).

Par delà leurs différences dans la pratique de l’acte baptismal, tous les protestants sont d’accord pour reconnaître dans le baptême le signe visible de la grâce invisible.

Le baptême protestant, un événement unique et polysémique

Martin Luther avait écrit sur sa table : « Je suis baptisé ». Lorsqu’il se sentait découragé, il relisait cette phrase et reprenait son combat pour la foi. Si l’évocation de son baptême pouvait préserver le grand réformateur du découragement, c’est bien que ce moment unique signale l’accession à une vie nouvelle… Une accession qui combine précisément plusieurs sens :

Le baptême est la marque d’une conversion Il n’y a pas d’automaticité dans l’œuvre de Christ, le baptisé doit changer de comportement, de priorités, comme l’eunuque éthiopien lors de sa rencontre avec Philippe (Actes 8 :26-40).

Le baptême est le signe du don de l’Esprit. Sans le Saint-Esprit, il ne peut y avoir de vie nouvelle. Tous les baptisés ont « bu à un seul Esprit » (1Corinthiens 12 :13).

Le baptême signifie l’entrée du baptisé dans l’Eglise. Les chrétiens forment l’Eglise, le corps de Christ (1Corinthiens 12 :12). C’est donc par un acte ecclésial que le baptisé rejoint la communauté des croyants.

Dans son baptême, le baptisé proclame son engagement au service de l’Evangile. En effet, le baptême « ne consiste pas dans la purification d’une impureté physique, mais dans l’engagement d’une bonne conscience envers Dieu » (1Pierre 3 :21). 

Enfin, dans le baptême, l’Eglise prononce sur le baptisé qu’il est l’enfant bien-aimé de Dieu. Cette déclaration solennelle vient rattacher chaque nouveau baptême à celui de Jésus, après lequel le Père dit ces paroles : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui j’ai mis toute mon affection » (Matthieu 3 :17).

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