Que dit la Bible sur la prière ?

Par Alain

« En tout premier lieu, je recommande que l’on adresse à Dieu des demandes, des prières, des supplications et des remerciements pour tous les êtres humains. »[1]

Prier, une grâce qui nous est donnée

C’est avec ce verset de la première lettre à Timothée que je voulais commencer cet article sur ce que dit la Bible de la prière. Pourquoi ? D’abord parce que je trouve que ce verset dit tout ou presque tout de la prière et parce que les paroissiens du Marais ont la chance de disposer de nombreux espaces, de nombreux moments mais aussi de fraternels encouragements pour répondre pleinement à la recommandation de l’apôtre Paul. C’est vraiment une grâce qu’il nous est donné de vivre.  

Certains d’entre nous peuvent se dire d’accord !  Mais à quoi cela peut-il servir lorsque l’on peut prier seul et qu’il suffit de s’abonner à une application « en ligne » pour recevoir chaque jour un verset à méditer ? Oui, bonnes remarques ! Mais essayons d’aller au-delà des horizons de nos habitudes et de ce qui se fait ou ne se fait pas.

Certes beaucoup d’entre nous se souviennent de ce que dit Jésus dans Matthieu 6,6 : « Mais toi, lorsque tu veux prier, entre dans ta chambre, à l’écart… ». Je pense que pour tout protestant en France, et alors que nous avons fait mémoire, il y a quelques mois à l’occasion des 500 ans de la Saint-Barthélemy,  ce verset a pris une résonnance tout à fait singulière parce que, persécutés, les Huguenots ont dû se cacher pour vivre et exprimer leur foi. Cela reste vif dans notre mémoire collective et marque encore profondément la manière dont beaucoup d’entre nous expriment leur spiritualité. Mais nous ne sommes plus persécutés, et ce que dit surtout Matthieu 6 me semble-t-il, c’est de ne pas faire comme les « hypocrites » qui « aiment à prier debout […] au coin des rues pour que tout le monde les voit. »

Prier sans cesse …

Dans le Nouveau Testament, on prie « sans cesse »[2]. On prie pour le pain, pour le pardon des péchés, pour rendre grâce, pour se repentir, pour les autorités, pour les frères et les sœurs, pour les autres Églises, pour être éclairé avant toute décision d’importance ; on prie pour la foi, la sagesse, la persévérance, la vigilance…et aussi pour les ennemis[3]. Bref, la prière n’est définitivement pas une option !

Et pour prier sans cesse, aucune modalité n’est interdite par les Écritures, j’oserais même dire qu’elles sont toutes…utiles ! Entre la prière lors du culte dominical : « Je te louerai au milieu de ton peuple réuni : dans cette grande foule, je t’acclamerai. »[4] et la prière personnelle [5], il y a aussi la prière en plus petite assemblée, entre frères et sœurs : « Car là où deux ou trois s’assemblent en mon nom, je suis au milieu d’eux. »[6]

…Même si ça n’est pas facile !

Prier n’est pas facile. On peut être démuni au moment de s’adresser à Dieu. Vais-je avoir les bons mots ? Et les mots que je vais employer vont-ils vraiment exprimer ce que je veux demander à l’Éternel ? Il y a tant de personnes, tant de situations pour lesquelles nous voudrions intercéder et pour lesquelles nous voudrions que le Seigneur nous entende ! Au culte, c’est peut-être plus facile, car même si c’est au nom de toute l’assemblée que les prières sont dites, elles sont élaborées par le pasteur ou la personne en charge de la liturgie. La prière individuelle, elle, si elle n’est pas toujours facile et ne va pas toujours de soi, seul Dieu l’entend et comme il connait, avant nous, ce que nous avons dans le cœur, il sait ce que nous demandons au-delà de notre propre expression, peut-être même au-delà de notre propre compréhension. Alors !

La prière en petit groupe, elle, peut être plus complexe à vivre, car nous avons alors des témoins à nos éventuelles hésitations, à nos balbutiements. Mais peu importe !  Car, comme le dit Mathieu 18,20, le Seigneur est au milieu de nous !

Pour l’avoir souvent vécu ces dernières années, cette expérience de la prière en petit groupe, a ceci de particulier, c’est qu’elle est riche de ce que chaque participant y apporte, de sa foi, de sa spiritualité. Elle est riche aussi de la confiance, de la sincérité et de la fraternité qui évidemment y président. Et dans nos sociétés si sécularisées, ça n’est pas fréquent que nous puissions, tel que nous sommes, avec nos mots, nous mettre devant Dieu, le prier pour nous même, les uns pour les autres et pour le monde, en toute confiance, en compagnie de sœurs et de frères…et de notre frère Jésus-Christ ! C’est assurément une expérience fraternelle et spirituelle des plus fortes.

Ne plus prier, c’est rompre la relation à Dieu

Pour terminer, je voudrais partager un passage du livre du pasteur Daniel Bourguet Le silence de Dieu pendant la Passion qui m’a profondément marqué : « Le but du Diviseur, en effet est de briser tous les liens avec Dieu. Or la meilleure manière pour lui de briser ce lien, c’est de faire cesser la prière, car la prière attache profondément à Dieu. Ne plus prier c’est rompre la relation à Dieu. En enfer, plus personne ne prie (Ps 6,6) ; c’est le silence vide de toute prière (Ps 115,17). […] D’après Matthieu, ainsi que Marc, Jésus n’est que prière ! La seule parole qu’il prononce sur la croix est prière, adressée à Dieu. »[7]

Alors rendons grâce parce que dans notre Église, nous pouvons pleinement et en confiance, seul, en assemblée ou avec quelques frères et sœurs, ne laisser aucune place au Diviseur et sans cesse prier Dieu, au nom de Jésus.

« Au jour où je t’ai invoqué, tu t’es approché, tu as dit : Ne crains pas ! »[8]


[1] 1 Timothée 2,1

[2] 1 Timothée 5,17

[3] Matthieu 5,44

[4] Psaume 35,18

[5] Matthieu 6,6

[6] Matthieu 18,20

[7] bourguet Daniel, Le silence de Dieu pendant la Passion, Éditions Olivétan, Lyon, 2013, page 195

[8] Lamentations 3,57

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