Arrêtons le “doomscrolling”… et proclamons la bonne nouvelle !
Par Claude
“Doomscrolling”, “doomsurfing” : l’usage de ces néologismes anglais s’est largement répandu à l’occasion de la pandémie. Ils décrivent le comportement consistant à consommer des mauvaises nouvelles régulièrement et en grande quantité à l’aide de nos téléphones (“doomscrolling”) ou de nos ordinateurs (“doomsurfing”). Comme Monsieur Jourdain faisait de la prose sans le savoir, la plupart d’entre nous “doomscrollent” ou “doomsurfent” depuis des années sans y prêter attention.
En comparaison des livres, les journaux et la diffusion des nouvelles sont une invention récente, qui date de quatre siècles environ. A l’origine, les journaux affichaient des tirages limités et avaient surtout un but de propagande. Plus tard, la presse est devenue une industrie : pour vendre plus de journaux, il valait mieux faire un article sur un seul train arrivant en retard que sur les nombreux trains arrivant à l’heure ! Dès lors, le public commença d’intégrer l’équation : nouvelles = mauvaises nouvelles.
Depuis une vingtaine d’années, avec l’avènement d’internet et du smartphone, la mutation est non seulement quantitative, avec l’explosion de la masse d’informations en circulation, mais qualitative : la consommation de mauvaises nouvelles est systémique.
“Doomscrolling” : une conduite addictive
On est passé d’une démarche informative à la soumission à une addiction. Dans un ouvrage intitulé “Stop reading the news” (inédit en français), Rolf Dobelli assimile les “news” au sucre dans l’alimentation : appétissant, facile à digérer et très nocif. Cet auteur, qui prône une stratégie de désaccoutumance et la substitution de sources d’informations alternatives fiables, identifie un certain nombre de caractéristiques des (mauvaises) nouvelles : elles ne rendent pas compte de la complexité du monde, elles confirment nos erreurs, elles renforcent nos préjugés, elles réduisent notre capacité à penser, elles favorisent la passivité, elles nous donnent l’illusion de l’empathie, elles détruisent la tranquillité de nos âmes…
Evidemment, il ne s’agit pas de prétendre que les mauvaises nouvelles n’existent pas ; ce qui est en question, ce sont les conditions de leur diffusion et les effets toxiques de celles-ci sur les sociétés humaines.
“Doomscrolling” et foi chrétienne
Les Ecritures nous mettent en garde, à plusieurs reprises, contre l’attirance pour le spectacle du mal : on sait ce qu’il advint de la femme de Lot pour avoir enfreint l’interdiction formulée en Genèse 19:17.
De même, le texte biblique nous exhorte souvent à délaisser ce qui n’est pas conforme à la voie de Dieu, par exemple, au verset 37 du psaume 119 : « Détourne mes yeux de ce qui est sans valeur, fais-moi vivre dans ta voie ! ».
Fondamentalement, nous devons évaluer les effets du “doomscrolling” au regard de notre identité de disciples de Christ. En plus des caractéristiques citées plus haut, le “doomscrolling” :
– alimente notre colère, laquelle figure au nombre des oeuvres de la nature humaine dénoncées par Paul dans Galates 5:20 ;
– nourrit nos peurs, alors que l’une des injonctions majeures que Dieu adresse à chacun d’entre nous est justement « N’aie pas peur » ;
– transforme le malheur des hommes en divertissement. Dans la parabole du bon Samaritain (Luc 10:25-37), le “doomscrolling” équivaudrait à ralentir le pas et à s’approcher pour mieux voir l’homme laissé à moitié mort sur la route, plutôt qu’à passer à distance. On est aux antipodes du commandement d’aimer « ton prochain comme toi-même » que la parabole veut précisément illustrer !
Au total, il faut admettre que le “doomscrolling” est une invention très efficace de l’ennemi pour nous accabler de désespoir et pour nous éloigner du Seigneur ; dans Esaïe 33:14-15, nous trouvons les mots de notre repentance :
« Les pécheurs sont effrayés dans Sion, un tremblement s’empare des hommes sacrilèges: “Qui de nous pourra tenir un instant près d’un feu dévorant? Qui de nous pourra résister un seul instant près des flammes éternelles?” C’est celui qui se conforme à la justice et parle avec droiture, qui rejette un gain obtenu par extorsion, qui secoue les mains pour refuser un pot-de-vin, qui se bouche l’oreille pour ne pas entendre parler de meurtre et qui se bande les yeux pour ne pas voir le mal ».
Ainsi délivrés, nous pouvons nous consacrer à accomplir dans la joie le programme que Jésus nous a fixé après sa résurrection : « Puis il leur dit : “Allez dans le monde entier proclamer la bonne nouvelle à toute la création” » (Marc 16:15).