Comment transmettre les valeurs de la Bible à ses enfants ?

Par Tiana

Vivre la parentalité en tant que chrétien nous expose à relever un double défi : celui d’être parent et celui d’éduquer nos enfants avec la Bible à contre-courant en nous assurant de leur transmettre les valeurs auxquelles nous croyons.
Devant nos responsabilités parentales, nous tâtonnons bien souvent. Il nous arrive de penser que cela nous faciliterait le quotidien si nos enfants nous étaient fournis avec un mode d’emploi et un manuel de survie. Mais puisque ce n’est pas le cas, nous nous épuisons au jour le jour en remplissant notre devoir avec plus ou moins de satisfaction, tanguant invariablement entre moments de bonheur et périodes de chaos. A cela s’ajoute notre aspiration profonde à leur transmettre notre foi, plaçant ainsi notre objectif à un niveau plus élevé, puisque c’est de leur salut dont il s’agit. Quel parent chrétien n’aimerait pas avancer avec assurance dans l’éducation offerte à son enfant afin que, dès son plus jeune âge, il puisse connaître la bonne nouvelle de l’Evangile et recevoir un jour Jésus- Christ dans sa vie ?

Prenons le temps de questionner notre manière d’envisager la transmission de notre foi. Le point de départ dont nous avons besoin est certainement notre compréhension de la place des enfants dans le cœur de Dieu dans la Bible. En nous interrogeant à ce sujet, nous pourrons évaluer notre propre regard sur l’enfance et ajuster notre idée de l’éducation.

Les enfants dans le cœur de Dieu dans la Bible

Partons pour un voyage rétrospectif : téléportons-nous jusqu’à quelques jours avant la chute, jusqu’à cet heureux instant où tout était encore absolument parfait.

Nous sommes le soir du sixième jour. Dieu est là, en toute majesté. Son œuvre achevée, Il contemple ses ultimes créatures. Ce sont deux êtres de toute beauté, tirés de la poussière, qu’Il a voulus distincts de tout le reste de la création. Il a pris soin de les former à part, puis Il leur a fait le don de son souffle divin dans leur chair et dans leur sang, donnant ainsi corps à son désir d’apporter au monde déjà foisonnant ce qui lui manquait : des êtres vivants à son image, avec qui Il pourrait être en relation et partager intimement le soin de sa création.

Il leur a donné le pouvoir d’enfanter et de se multiplier, de remplir la terre et de la soumettre.
Pour que la vie se renouvelle et que la création perdure, Il a voulu que l’enfant soit. Il l’a créé pour le placer au coeur de son projet, comme une condition de sa pérennité.

Cette vérité n’est pas annulée par notre chute. Si en désobéissant à Dieu, l’être humain a entraîné la rupture du lien qui l’unissait à Lui, rejetant et trahissant ainsi son Créateur, Dieu, Lui, est resté fidèle à son alliance avec l’humanité. Son désir de relation est restée intacte : par la mort de son fils sur la Croix, il révèle la défaillance de l’homme et lui exprime en même temps son pardon, son amour et sa volonté de réconciliation. Il vient l’affranchir afin que le lien rompu puisse se recréer et pour que son projet se réalise. Une nouvelle fois, Il lui offre sa vie, et cette fois-ci, c’est pour qu’il vive éternellement par Jésus-Christ ressuscité.

L’enfant est destinataire de ce plan de rédemption. Certes, il n’a pas choisi son état de péché, mais puisqu’il en hérite de par sa nature humaine, il n’échappe pas à la condamnation qui pèse sur l’humanité. Il a besoin lui aussi d’être sauvé pour pouvoir échapper à la mort. Jésus-Christ est mort et ressuscité pour tous, petits et grands, afin qu’aucun ne périsse. C’est par nous que l’enfant peut prendre connaissance de ce salut qui lui est offert. Nous avons la responsabilité de lui révéler son besoin de rétablir sa relation avec Dieu, de lui faire découvrir qui Il est et de lui montrer le chemin pour aller à Sa rencontre et Le recevoir dans sa vie.

Dieu nous renouvelle sa confiance lorsqu’Il nous invite à contribuer activement à la nouvelle naissance de nos enfants : parce que nous Lui ouvrons la voie, Il Lui devient possible de leur donner sa vie et de les rendre héritiers et participants de son Royaume dès la période précieuse de leur enfance.

Un regard juste sur les enfants dans la Bible

Dieu chérit tout particulièrement le temps de l’enfance. Nous aimons croire que c’est parce que c’est l’âge de l’innocence et de l’humilité. Mais c’est certainement aussi parce qu’avec son regard neuf et grand ouvert sur le monde, l’enfant est mû par un profond désir de découverte et une saine curiosité, parce que sa capacité de s’émerveiller et d’aimer simplement le remplit d’un enthousiasme et d’une joie de vivre sans limite, parce que l’intensité de ses émotions lui permet d’être sensible aux moindres vibrations du monde, parce qu’il est habité par une véritable soif de vérité et d’intégrité. Autant de qualités que nous, adultes, avons perdu en chemin, et qui forment le terrain idéal pour construire une relation vraie avec Dieu.

Souvenons-nous de l’intervention de Jésus, ordonnant à ses disciples de laisser venir à Lui les petits enfants : quel contraste entre la joie des enfants, la tendresse du Christ et la dureté des disciples !

Peut-être que nous ne savons que trop bien déjà ces vérités-là, et que malgré tous nos efforts pour les vivre dans nos foyers, nous peinons à les voir se réaliser. Peut-être que nos enfants sont loin d’exprimer l’envie de venir à Christ, ou en rejettent complètement l’idée. Démunis, nous ployons alors sous le poids de la culpabilité toutes les fois où ils ne nous semblent pas dans la bonne voie pour vivre une rencontre décisive avec Dieu.

Et si nous déplacions notre regard ?

La pédagogue chrétienne britannique Charlotte Mason exprimait en 1904 le premier principe pédagogique sur lequel elle fondait sa philosophie éducative : « ‘ L’enfant est une personne ’ sera le coeur de notre croisade. »

Plus tôt, en 1886, elle défendait sa conviction que seule la Bible offre une vision de l’éducation, des enfants qui soit juste et respectueuse de la nature de l’enfant, qu’elle décrivait ainsi :
« ‘ Tel est le royaume des cieux ’. ‘ Si vous ne devenez comme les petits enfants, vous n’entrerez pas dans le Royaume des cieux. ’ ‘ Qui donc est le plus grand dans le Royaume des cieux ? ’ ‘ Jésus, ayant appelé un petit enfant, le plaça au milieu d’eux. ’ Tel est le sentiment divin de la place de l’enfant.

(…) Il peut être surprenant pour les parents de découvrir un code d’éducation dans les Évangiles, expressément établi par le Christ. Il se résume en trois commandements, et tous les trois ont un caractère négatif, comme si la chose principale exigée des adultes est qu’ils ne devraient faire aucune sorte de tort aux enfants : Gardez-vous de scandaliser – mépriser – empêcher – un seul de ces petits. » (1)

Parce que l’enfant est une personne, il mérite notre estime, notre respect et notre amour, comme nous le devons à notre prochain. Si nous sommes confortables avec l’impératif d’enseigner, de diriger, et de corriger l’enfant, nous le sommes moins avec celui de l’écouter, de lui faire confiance, et de le servir. C’est pourtant cela aimer, aimer les enfants et ce que la Bible nous recommande de privilégier dans notre relation à autrui.

La pensée de Mason met en avant le fait que notre manière d’aborder notre parentalité repose entièrement sur notre vision de l’enfant et qu’il est indispensable qu’elle soit juste, sous peine de commettre envers lui des erreurs regrettables.

Éduquer, c’est prendre soin de cet être précieux qui ne nous appartient pas et qui nous est confié par Dieu. Il est comme la prunelle de ses yeux. Dès lors, c’est notre devoir et notre priorité d’ajuster le regard que nous portons sur lui afin de ne pas devenir une occasion de chute.

Prenons alors le temps de discerner les points où nos approches éducatives et nos interprétations des Ecritures viennent se heurter à la nature de l’enfant et contribuent à le diminuer plutôt qu’à l’élever, et repensons notre idée de la transmission.

Repenser la transmission

Il existe certainement aujourd’hui autant de manières de transmettre la foi que de familles et d’histoires familiales mais elles cherchent toutes leur source dans les Écritures. Certes, elles divergent en de nombreux points sur leurs interprétations mais Dieu se donne à tous comme un modèle parfait de Père : Il est le guide qui éclaire notre intelligence, c’est dans sa connaissance que nous allons tenter ici de penser avec assurance notre propre parentalité.

Une logique de co-création

Dieu ne laisse place ni à l’improvisation, ni à l’approximation en mettant à notre disposition dans sa parole et par son exemple de Père les ressources et la connaissance dont nous avons besoin pour faire face à nos responsabilités parentales. Il ne souhaite pas notre échec et nous assure que si nous suivons son conseil, nos enfants seront sur la voie du salut. Il ne nous invite pas à faire de notre mieux et à prier pour que le Saint-Esprit fasse le reste un jour peut-être, mais à faire avec Lui et par Lui en nous ancrant par la foi dans son projet ici, là, maintenant.

« Instruis l’enfant selon la voie qu’il doit suivre ; et quand il sera vieux, il ne s’en détournera pas. » Proverbes 22.6

• Les enfants dans la mission au coeur de la Bible

Nous savons que les enfants peuvent prendre part activement au projet de Dieu dès leur plus jeune âge : la Bible nous en donne de nombreux exemples et bien souvent, ces enfants ont dû faire face à la résistance de leurs aînés. Ce que nous croyons moins, c’est que cela est aussi vrai aujourd’hui. Sommes-nous disposés à ouvrir nos yeux et à faire preuve d’humilité pour être prêts à les accompagner dans leur rôle ? Ayons envers eux un esprit de service.

Plus tard, leur appel pourra se poursuivre et ce jusqu’à la fin de leur vie, s’ils ne sont pas détournés de leur voie. Tant qu’ils dépendent de nous, veillons à discerner et à respecter leur identité afin de pouvoir préparer le terrain de leur apprentissage et de les outiller à bon escient pour qu’arrivés à l’âge adultes, ils soient prêts à s’engager personnellement auprès de Dieu.

Des parents à l’image de Dieu

Nos enfants nous observent et nous imitent. Ils retiennent beaucoup plus naturellement ce qu’ils voient que ce que nous leur communiquons verbalement : ils absorbent ce que nous sommes, nos émotions, notre manière de croire, nos attitudes, nos goûts, nos actes, nos erreurs, nos incohérences… pour ensuite les reproduire afin d’apprendre à être au monde.

Si nous incarnons notre foi et les valeurs auxquelles nous croyons et si nous portons l’empreinte du Seigneur, cela les marquera inévitablement et contribuera à former leur caractère. Mais si les valeurs que nous véhiculons n’ont pas d’impact sur notre mode de vie, alors elles sont vaines et mortes et sèmeront l’incrédulité dans leur cœur.

Ralph Waldo Emerson formulait cela ainsi : « Ce que tu es crie tellement fort que je n’entends pas ce que tu dis. »

Notre travail doit commencer par nous-mêmes. Ne soyons pas comme ces pharisiens hypocrites qui disent, mais qui ne font pas, tels que Jésus les décrit dans Matthieu 23.3. Avant de vouloir transmettre quoique ce soit, posons-nous la question suivante : sommes-nous réellement congruents avec ce que nous cherchons à communiquer ?

Privilégier et soigner la relation

La transmission trouve les conditions de sa réalisation dans une relation d’amour avec nos enfants. C’est dans le cœur à cœur que nous feront naître chez eux le désir de connaître ce Dieu qui nous gouverne.

Comme nous l’avons évoqué plus haut, le témoignage de notre relation avec Dieu est une source d’inspiration essentielle. Notre zèle à Le chercher et à L’aimer de tout notre coeur, de toute notre âme et de toute notre force, notre humilité, notre simplicité, ainsi que la liberté et la joie que nous procurent notre intimité avec Lui ne peuvent que convaincre nos enfants à la chercher pour eux-mêmes. Dieu saura alors répondre à leur désir de le rencontrer.

Au bout de ces cheminements personnels, Dieu souhaite nous rassembler et être en communion avec notre famille pour la bénir. Multiplions les temps collectifs d’adoration, de prière, de lecture et d’étude de la Bible avec nos enfants, de manière régulière ou spontanée pour répondre à son désir. Lorsque nous instaurons un culte familial, veillons à ce que chacun y trouve sa place et que personne n’y soit contraint. Notre devoir est de susciter le désir de vivre ces temps ensemble, autrement, nous trahissons l’idée même de la relation.

Cela n’est pas toujours simple lorsque nous ne croyons pas tous de la même façon, mais en privilégiant le respect du rythme de chacun, utilisons les événements de notre vie de famille et saisissons toutes occasions opportunes pour créer des moments de partage, d’édification et de soutien mutuel dans la prière, afin d’expérimenter ensemble l’amour, la vérité et la grandeur de Dieu.

Nourrir le corps, l’âme et l’esprit

Nous ne pouvons terminer sans aborder la question des soins apportés à l’enfant. Mais quel est le rapport avec la transmission ?
Pour s’épanouir, l’enfant a besoin que son corps, son âme et son esprit soient nourris régulièrement, sainement et en quantité suffisante. Nous commettons une erreur lorsque nous considérons chacune de ces nourritures indépendamment des autres, le privant ainsi de l’équilibre nécessaire à sa croissance. Dieu n’attend pas de nous une éducation spirituelle uniquement mais une éducation prenant en charge toute sa personne. C’est de tout son être dont nous devons nous soucier, comme Dieu le ferait à notre place.

Une éducation qui le prenne en compte dans sa globalité lui bénéficie à bien des égards et contribue à son chemin de foi. En effet, c’est ainsi que nous lui apprenons à avoir une image juste et complète de qui il est et une bonne estime de lui-même : n’oublions pas que nous avons été créés à l’image de Dieu. Un enfant qui ne se sent pas bien dans sa peau peinera à y trouver l’ouvrage du Créateur.

Ensuite, par une approche holistique, nous lui permettons de relier sa compréhension du monde à son expérience spirituelle et de construire sa pensée avec le regard de Dieu. C’est ainsi que sa nourriture intellectuelle trouvera tout son sens.
Enfin, dans sa complétude, il pourra expérimenter dans sa chair, avec son âme et avec son esprit les valeurs que nous souhaitons lui transmettre : quoi de mieux pour préparer le terrain afin qu’il puisse, avec l’aide du Saint-Esprit, les faire siennes ?

Quant au choix et à la provision de chacune de ces nourritures, faisons confiance à Dieu car Il sait tout ce dont nos enfants ont besoin.

• La foi

Chacun de ces enseignements nous encourage à avancer avec une intelligence renouvelée et avec foi. Justement, avec cette foi que nous souhaitons transmettre. Par l’éducation que nous offrons à nos enfants grâce à la Bible, éprouvons-la et rendons-la vivante et percutante.

« Crois au seigneur Jésus, et tu seras sauvé, toi et ta famille” Actes 16.31

(1) Home Éducation Séries – Volume 1. Home Éducation, by Charlotte Mason. Trad. Maeva Dauplay et Sylvie Dugauquier.

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