Qu’est-ce que les Livres Saints nous enseignent ?
Par Thomas
Les Livres Saints sont riches en enseignements. D’ailleurs, chacun le sait, la Bible est de loin le livre le plus vendu au monde. C’est le best-seller incontestable et incontesté ! C’est simple, des bibles, il y en a pour tous les goûts et pour tous les âges : il y en a des grosses, des petites, avec ou sans notes, des versions œcuméniques ou en français courant ; il y en a des colorées, avec de jolis graphismes, il y en a même une en Légo. Sans compter les dizaines d’applications pour téléphone, de versions en bande dessinée, en manga ou en dessin animé !
La Bible est disponible au plus grand nombre, facilement accessible… et pourtant ce vieux livre est de plus en plus mal connu dans notre société et même, de plus en plus mal connu dans le Protestantisme.
Elle est de moins en moins lue, méditée, priée. Alors, bien sûr, il y a des tas d’explications à cela et la première d’entre elles est certainement le fait qu’on lit moins qu’autrefois, tout simplement. On sait bien qu’aujourd’hui le livre a tendance à être supplanté par d’autres médias. On pourrait aussi parler du manque de temps, de la vie trépidante, de l’impossibilité de mettre de côté un moment pour le silence, la lecture, la réflexion ; on pourrait parler de la difficulté du texte biblique lui-même…
Pourtant, les Livres Saints nous offrent des repères essentiels, dans une période traversée de grandes angoisses et ils sont le lieu privilégié de rendez-vous avec Dieu !
Pourtant, nous avons le temps de lire la Bible et nous avons les capacités de la comprendre.
Voyons ensemble comment…
Les Livres Saints nous donnent des repères au coeur de l’angoisse ambiante
Le constat est là : le Protestantisme n’est plus le peuple de la parole ; c’était vrai au début du siècle dernier, ce n’est plus vrai aujourd’hui.
Pourtant,
– C’est aujourd’hui qu’on a besoin d’être à l’écoute d’une parole radicalement différente de celles, nombreuses et plus ou moins fiables, que l’on entend tous les jours.
– C’est aujourd’hui qu’on a besoin d’être au clair sur ce que nous croyons.
– C’est aujourd’hui qu’on a besoin de nourrir l’espérance.
On est tous pris dans ce vaste mouvement de déstructuration de notre société et on se doit de résister contre l’angoisse et la peur. La peur de l’autre notamment, que ce soit celui qui est différent ou tout simplement le voisin, la peur du manque d’un côté ou la peur des conséquences sur la planète de notre surabondance de biens de l’autre. La peur encore du déploiement de la violence et du conflit. Dans ce tourbillon d’angoisses et de défis réels, nous ne devons pas être le peuple de la résignation, mais du témoignage.
Notre société a perdu les repères et les valeurs qui étaient autrefois à la base de la cohésion sociale et elle est en mutation vers un nouveau modèle. Le désarroi des personnes est proportionnel au nombre de remises en questions, de réactions et de débats passionnés concernant la morale ou l’éthique. On sent clairement une angoisse liée au manque de sens et d’identité préexistants, à la précarité de l’existence. On repère, de part et d’autre, les replis identitaires, les violences ou des militantismes qui sont autant de demandes de reconnaissance et de désir d’appartenance.
Le défi pour nous, aujourd’hui, est celui d’affirmer des convictions claires. Il ne s’agit, bien entendu, pas d’un ghetto de plus ; il ne s’agit pas de proposer un prêt-à-porter de ce qu’il faut croire ou de ce qu’il faut faire ou ne pas faire. Non, fidèles aux principes de liberté et de responsabilité qui ont toujours été les nôtres, il s’agit de l’affirmation, calme et sereine, de ce qui nous fait vivre, de nos raisons d’espérer et d’aimer. Nous savons que conviction et tolérance ne sont pas incompatibles.
A chaque fois que le Protestantisme a été à la hauteur des défis qui lui étaient posés : celui du témoignage, celui de l’éducation ou de l’engagement social, sa force et sa vitalité venaient de convictions de personnes enracinées dans la Bible, méditant quotidiennement le texte des livres saints. L’engagement social et politique des Réformés a toujours été extrêmement fructueux dans les périodes où les protestants cherchaient dans l’Écriture le sens de leur existence. D’ailleurs, l’ancienne Déclaration de Foi de l’Eglise Réformée de France, datant de 1938, affirmait encore « l’autorité souveraine des Écritures, reconnaissant en elles la règle de la foi et de la vie » et, à cause de cela, « l’engagement dans l’évangélisation et la lutte contre les fléaux sociaux. »
En tant que chrétiens, la Parole de Dieu doit faire autorité sur ce que l’on croit et sur ce que l’on vit. En dehors de cette autorité-là, notre engagement sera seulement idéologique, et notre foi sera ballottée entre toutes les dérives actuelles où chacun y va de sa propre opinion.
Les Livres Saints sont un lieu de rencontre avec le Dieu vivant
Si nous voulons être porteurs de vie dans nos différents contextes, concrètement, nous allons devoir redevenir un peuple, non pas du Livre seulement, mais un peuple de la Parole avant tout. Il y a une nuance : la Bible ne nous intéresse que parce qu’elle nous permet de rencontrer le Christ. Jésus est la Parole de Dieu faite chair et c’est lui seul que nous devons rechercher à travers la Bible.
Dieu nous a donné ce Livre pour s’adresser à nous, pour nous parler, pour nous rencontrer. Et c’est par l’action de son Esprit, que ce vieux texte ne reste pas simplement un livre d’histoire ancienne, relatant une suite d’expériences plus ou moins édifiantes, mais véritablement Parole de vie pour notre présent. Accepter l’autorité souveraine des Ecritures ça veut dire, pour chacun de nous, qu’il faut accepter de se laisser éclairer, diriger par Jésus-Christ lui-même, dans une relation personnelle avec le Dieu vivant.
La lecture persévérante de la Bible fonde, construit et fait grandir notre fidélité au Seigneur, car elle est, sur notre vie, à la fois une parole de jugement et une parole d’espérance, de grâce. La Bible n’est pas neutre. Elle remet en cause notre manière de vivre et l’ordre de nos priorités. La Bible dénonce les injustices et les compromissions. Elle nous dérange. Elle est jugement. Mais, dans le même temps, elle est, à cause de Jésus, Parole de vie. Commencer à vivre avec le texte biblique, c’est accepter de confronter nos convictions et nos comportements au regard de la Parole de Dieu.
Alors, bien sûr, il est inutile d’y rechercher des réponses toutes faites, certains seront déçus de ce coté là. Utiliser la Bible comme un code de conduite ou un recueil de règles de vie se révèle toujours décevant : inapplicable, dépassé, cause de violence… C’est peu porteur. On ne fera jamais l’économie de la responsabilité et de la décision personnelle. Mais ce que nous croyons, c’est que la lecture personnelle et communautaire de la Bible change notre compréhension du monde et construit notre éthique et notre système de valeur parce qu’elle est le lieu par lequel nous pouvons écouter la voix de celui qui nous comprend parfaitement : celle de Jésus-Christ, qui a pris sur lui la colère de Dieu face à la méchanceté et à la bêtise humaine, qui a dit son amour pour l’humanité malgré tout et qui partage avec son peuple sa victoire sur la mort et les forces destructrice à l’oeuvre dans le monde.
C’est parce que nous serons assidus aux rendez-vous que Jésus nous fixe que nous pourrons, dans les situations inédites qui appellent nos engagements, prendre le risque de parler et d’agir pour la vie. C’est parce que nous sommes nourris de son amour et de sa victoire que nous aurons la force de croire que notre engagement n’est pas vain.
Nous avons le temps de lire la Bible !
Pour grandir spirituellement, pour se frayer un chemin dans ce monde de plus en plus complexe, pour être porte-parole d’espérance, nous devons retourner aux textes bibliques. Ah ! Si seulement nous avions plus de temps, nous serions certainement tous heureux de lire la Bible !
Jean Chrysostome vivait au 4ème siècle, et déjà à son époque il disait : “Qu’on ne vienne pas tenir ces propos sans valeur et tout à fait injustifiables : ‘Je suis rivé au tribunal ; je m’occupe des affaires de l’Etat ; j’exerce un métier ; j’ai une femme ; j’élève mes enfants ; je dirige ma maison ; je vis dans le monde…ce n’est donc pas mon affaire de lire les Ecritures. C’est l’affaire de ceux qui se sont retirés du monde en gagnant le sommet des montagnes, et qui mènent constamment cette vie.’
Que dites-vous, mon ami ?” Répond Chrysostome, “ce n’est pas votre affaire de vous appliquer à l’étude des Ecritures, parce que vous êtes tiraillés par mille soucis ? Mais c’est pour cela que vous le devez, encore beaucoup plus que les solitaires. A ceux-ci, le recours aux Écritures est moins nécessaire qu’aux gens plongés dans le tourbillon des affaires. Les moines sont délivrés des problèmes de la vie publique et de ses agitations. Ils ont dressé leurs cabanes dans le désert, n’ayant plus rien de commun avec personne. Ainsi libérés, ils s’occupent de leur âme dans le calme et la tranquillité. Ils sont, en quelque sorte, dans le port et jouissent d’une sécurité profonde.
Et nous, nous sommes pour ainsi dire jetés en pleine mer, ballottés par les vagues, exposés nécessairement à commettre bien des fautes. C’est nous, surtout, qui avons besoin d’être soutenus par les Ecritures. Eux, ils sont assis loin du combat. Ils ne reçoivent guère de blessures. Mais vous, qui êtes sans cesse en première ligne et qui recevez coups sur coups, vous avez un bien plus grand besoin de remède.
Votre femme vous exaspère ; votre fils vous fait de la peine ; votre serviteur vous met en colère ; votre ennemi intrigue contre vous ; votre ami vous jalouse ; votre voisin vous calomnie ; votre collègue prend votre place ; souvent même un juge vous menace. La pauvreté vous afflige ; la perte de vos proches provoque votre douleur ; la prospérité vous enfle ; le malheur vous abat. Que de motifs de colère, de souci, de découragement et de chagrin, de gloriole ou de fol orgueil ! Les malheurs nous enserrent. Les coups pleuvent de tous côtés ! Vous avez continuellement besoin de la panoplie des Écritures.”
Quelle belle démonstration du fait que la lecture de la Bible ne vient pas faire concurrence à nos nombreux autres engagements (les plus importants d’entre eux en tout cas), mais qu’elle vient au contraire les nourrir, les soutenir, les fortifier. Cessons de compartimenter nos vies et d’exclure Dieu de l’ensemble de nos responsabilités et on découvrira que notre temps de lecture de la Bible n’est pas un temps volé à notre présence à notre famille ou à nos engagements professionnels et citoyens, au contraire, il en fait pleinement partie, au même titre, au moins, que notre temps de formation personnelle pour ces tâches ! D’ailleurs, notre lecture des Livres Saints n’est pas toujours un temps à part, dans la solitude de notre chambre : elle peut être un moment familial ou un bref temps de préparation dans l’agitation de notre bureau aussi !
Nous avons la capacité de lire la Bible !
La conviction de la Réforme n’est pas seulement que la Bible seule doit être l’autorité de notre foi et de notre vie, mais c’est aussi que la Bible est accessible à tous, petits ou grands, savants ou simples ; accessible à tous, malgré les difficultés apparentes ou réelles. Cette conviction est essentielle pour un rapport équilibré à aux Écritures Saintes : sans elle, l’accès à la Parole de Dieu redevient confisqué par le petit club des religieux qui imposent ainsi leur pouvoir sur l’Eglise en se situant comme seuls interprètes autorisés. Dieu a accompli de grands miracles pour que le texte nous parvienne tel quel aujourd’hui, il a traversé les siècles et les continents parce qu’il est important pour Dieu de se faire connaître à tous. Pour cette même raison, nous pouvons lire la Bible de manière confiante : le texte est suffisamment clair pour être compris dans une lecture immédiate et L’Esprit est fidèle pour nous donner de rencontrer Christ vivant par cette lecture.
La lecture de la Bible est possible par tous et surtout pour celui qui accepte de mettre du temps de côté pour ça, pour celui qui attend une Parole qui fait vivre. Et quel bonheur pour celui-là ! Je crois fermement qu’une promesse de dialogue avec Jésus est attachée à cette lecture. En s’imprégnant du texte biblique, dans l’humilité et la prière, la lectrice ou le lecteur, par Jésus, reçoit lumière, force et libération.
Comment lire la Bible ?
Pour finir, je voudrais être encore plus concret : Comment lire la Bible ? Il y a toutes sortes de lectures possibles : culturelle, historique, exégétique, littéraire, pieuse. Je voudrais vous parler de la lecture spirituelle, sans dénigrer les autres. La lecture spirituelle est celle où on cherche réellement à rencontrer le Christ, où on cherche réellement une Parole qui fait vivre. Il s’agit d’une lecture familière de l’Écriture, d’un compagnonnage journalier, qui peut durer 5 minutes ou 2 heures par jour, selon les rythmes des uns et des autres.
Comme pour beaucoup de choses, je crois que ce qui sera le plus déterminant, c’est la régularité et la constance avec laquelle on arrivera à lire la Bible. Inutile de prévoir de mettre une heure à part pour ça, d’allumer une bougie et préparer un journal de bord à remplir de réflexions ainsi qu’une liste de sujets de prière exhaustive, si c’est pour le faire trois fois puis laisser tomber pour le reste de l’année ! Notre lecture sera bien plus impactante si elle est un contact quotidien avec Dieu, même bref au début ou par périodes.
Aux nouveaux lecteurs de la Bible, j’aime beaucoup conseiller la lecture de deux évangiles du début à la fin. Cette lecture ne sera pas forcément très méditative, il faut aussi accepter de continuer d’avancer même si un passage nous pose une difficulté. Il est important de pouvoir se faire rapidement une vision globale de de que la Bible dit de Jésus et de son message parce que c’est à cette lumière que nous voulons lire l’ensemble des Ecritures. Les évangiles ne sont pas très long, cela ne devrait pas prendre beaucoup de temps.
Dans un deuxième temps, certains préfèreront continuer de lire la Bible livre par livre et d’autres préféreront suivre un plan de lecture qui propose pour chaque jour des passages de l’Ancien et du Nouveau Testament. La Bible en 6 ans de la Fédération Protestante de France et la Bible en 1 an du Parcours Alpha en collaboration avec l’Alliance Biblique Française sont d’excellents plans, qui existent en format papier et en applications.
Découvrez le plan de lecture de la Bible en 6 ans ici : https://lire.la-bible.net/118/fiche/actualites/fiche/85
Découvrez le plan de lecture de la Bible en 1 an (25 minutes par jours) ici : https://bibleinoneyear.org/fr/
Tout le mois de janvier, le thème des Miniglises est la Parole de Dieu, n’hésitez pas à rejoindre un groupe pour découvrir les joies de la lecture de la Bible en communauté !
Trouvez votre groupe ici : https://temple.dumarais.fr/miniglises/