Sur la route d’Emmaüs…
Par Prudence
Cette semaine, nous sommes entrés dans le temps de carême, cette période de l’année qui est propice à une profonde réflexion sur la relation que nous entretenons avec Dieu. Sans nul doute, nous désirons tous connaître sincèrement le Seigneur, sa vérité sur le monde et sur nous, mais bon nombre d’obstacles se mettent en travers de ce beau projet. Dans la Bible, de nombreux récits nous racontent l’histoire d’hommes et de femmes prompts à clamer le désir de suivre Dieu, mais qui échouent un nombre de fois considérable à cause d’oppositions qu’ils n’ont pas senties venir. Ces récits sont riches d’enseignements pour nous, car ils peuvent faire écho aux difficultés que nous rencontrons face à la rudesse de cette vie sur terre.
Aujourd’hui, prenons en exemple le récit du chemin d’Emmaüs. Assurément, en ce début de carême, il a quelque chose à nous dire. Ce passage se situe à la fin de l’Évangile de Luc, après la Pâque juive et la crucifixion de Jésus. Les femmes qui suivaient Jésus découvrent qu’il est bien ressuscité ! Suite à cette bonne nouvelle et leur vision des anges, les femmes s’empressent de raconter cette histoire aux hommes de la bande : et oui, Jésus est bien ressuscité, tout est accompli ! Non seulement les hommes se montrent très surpris de ce qu’elles racontent, mais ils ne les prennent pas au sérieux : “…Mais ceux-ci pensèrent que ce qu’elles racontaient était absurde et ils ne les crurent pas.” (Luc 24:11). Bien sûr, plusieurs hypothèses pourraient expliquer leur réaction. Mais une en particulier attire notre attention aujourd’hui : le patriarcat ! Ce système si puissamment ancré dans les moeurs et coutumes de l’époque les aveugle : “rien de bon ne peut venir d’une bonne femme”, pensaient-ils…
Cette situation, quelque peu embarrassante, nous oblige à nous questionner : finalement, qu’est-ce qui nous empêche de reconnaître la Vérité quand elle se présente à nous ? Est-ce que, pour nous aussi, les diktats du patriarcat interdisent de prendre au sérieux les dires des femmes autour de nous ? Est-ce que le racisme qui se promène librement dans notre société nous défend de prendre en considération les prédicateurs et prophètes venus d’ailleurs ? Est-ce que nos diplômes ont fini par nous rassasier d’orgueil, et nous empêchent d’entendre Dieu chez nos voisins non-diplômés ? Manifestement, la liste est très longue. À chacun de reconnaître en toute honnêteté ce qui a endurci son cœur, et Dieu, dans sa plus grande miséricorde, nous viendra en aide, comme il l’a fait pour les disciples à la fin du récit.
Revenons au passage. Plus tard dans la journée, deux disciples se dirigent vers le village nommé Emmaüs, ils discutent ensemble de ce qu’ils viennent de vivre. Pendant leur palabre, Jésus se met en route avec eux, et curieusement, ils ne le reconnaissent pas : “Ils le voyaient, mais quelque chose les empêchait de le reconnaître.” (Luc 24:16). Ça, on ne le voyait pas venir ! Pourquoi ont-ils autant de peine à croire ? Nul doute, chagrin et confusion se mélangent dans leurs têtes, la douleur suite à la perte de leur Rabbi est encore trop intense !
Jésus n’en reste pas là pour autant, il prend l’initiative de leur expliquer les Écritures depuis le commencement : “« Gens sans intelligence, que vous êtes lents à croire tout ce qu’ont annoncé les prophètes ! Ne fallait-il pas que le Messie souffre ainsi avant d’entrer dans sa gloire ? » Puis il leur expliqua ce qui était dit à son sujet dans l’ensemble des Écritures, en commençant par les livres de Moïse et en continuant par tous les livres des Prophètes.” (Luc 24:25-27). Après une longue marche et une longue discussion, c’est seulement au moment de son départ qu’ils le reconnaissent : enfin leurs yeux s’ouvrent, ils l’ont vu, le Seigneur est là, alors ils croient ! C’est avec ce cœur apaisé qu’ils partent raconter aux autres du groupe ce qu’ils viennent de vivre : “C’est bien vrai, le Seigneur s’est réveillé de la mort ! Simon l’a vu !” (Luc 24:34).
Ce passage en particulier souligne que nous ne sommes pas seuls sur la route. Depuis le début, celui qui est le Chemin, la Vérité et la Vie précède lui-même nos pas. Jésus ne nous abandonne pas dans cette longue trajectoire qu’est la vie sur terre. Il est la parole de Dieu en personne : “Au commencement, la Parole existait déjà. La Parole était avec Dieu et la Parole était Dieu” (Jean 1:1). Qui mieux que Lui peut nous expliquer les Écritures ? Il ne cède ni aux cœurs endurcis par la bêtise humaine, ni aux oreilles sourdes et orgueilleuses.
Pour conclure, souvenons-nous de ce chemin parcouru auprès de Dieu, ce long chemin de foi où Jésus n’a cessé de se révéler à nous, sans relâche, sans se laisser intimider par le scepticisme, l’incrédulité ou le péché de l’humanité. C’est un chemin qui ne peut se mesurer aux kilomètres parcourus, mais uniquement à la fidélité et à la bonté du Dieu Sauveur envers ses élus. En effet, Dieu est lent à la colère, riche en bonté, et cela depuis le commencement, les récits du Premier Testament en sont témoins !
Quand nous peinons à croire, à voir les voies de Dieu et à entendre la voix de Dieu, prenons le temps de nous rappeler tous ces moments où, nous aussi, nous avons eu comme un feu dans nos cœurs. Évidemment, dans ces moments-là, le Seigneur nous révélait les trésors de son royaume, ceux-là même qui restent à jamais incorruptibles :
“N’y avait-il pas comme un feu qui brûlait au-dedans de nous quand il nous parlait en chemin et nous expliquait les Écritures ?” (Luc 24:32).